Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 233e jour de l'invasion russe

La Russie a annoncé qu'elle allait organiser l'évacuation vers son territoire de la population de la région de Kherson.
La Russie a annoncé qu'elle allait organiser l'évacuation vers son territoire de la population de la région de Kherson. © METIN AKTAS / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Au 233e jour de l'invasion russe en Ukraine, la Russie a annoncé qu'elle allait organiser l'évacuation vers son territoire de la population de la région de Kherson dans le sud de l'Ukraine, affirmant répondre à une demande des autorités d'occupation locales menacées par les progrès de la contre-offensive des forces ukrainiennes.
L'ESSENTIEL

La Russie a annoncé vendredi ordonner la réparation avant le 1er juillet 2023 du pont de Crimée, partiellement détruit lors d'une explosion samedi dernier que Moscou impute à Kiev. Le gouvernement "détermine la date limite pour la fin des contrats d'Etat pour l'exécution des travaux au 1er juillet 2023", selon un arrêté signé par le Premier ministre russe, Mikhaïl Michoustine.

Le pont de Crimée, symbole de l'annexion de la péninsule ukrainienne éponyme et crucial pour le ravitaillement des troupes russes engagées en Ukraine, a été partiellement détruit par une attaque au camion piégé, selon Moscou.

Les informations à retenir : 

  • La Russie ordonne la réparation du pont de Crimée avant le 1er juillet 2023
  • La Russie organise l'évacuation vers son territoire de la population de la région de Kherson
  • Vladimir Poutine a proposé la création d'un "hub gazier" en Turquie pour exporter les hydrocarbures russes
  • L'Espagne va fournir à l'Ukraine quatre systèmes sol-air de moyenne portée "Hawk", selon l'Otan

Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé que cette "attaque terroriste" a été organisée par les renseignements militaires ukrainiens, assurant qu'un agent de Kiev avait coordonné le transit des explosifs à travers plusieurs pays et avait été en contact avec différents intermédiaires.

En réponse, la Russie a mené lundi et mardi des bombardements massifs à travers l'Ukraine, visant notamment des infrastructures énergétiques civiles qui ont provoqué de nombreuses coupures d'électricité et d'eau. Mercredi, le FSB a dit avoir arrêté huit personnes - cinq Russes et "trois citoyens ukrainiens et arméniens" - suspectées de participation dans cette attaque. La circulation routière et ferroviaire a toutefois repris partiellement depuis plusieurs jours sur le pont.

Poutine assure ne pas prévoir de nouvelles frappes "massives" sur l'Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine a dit vendredi ne pas prévoir "dans l'immédiat" de nouvelles frappes "massives" sur l'Ukraine, ni d'élargir la mobilisation qu'il a ordonné il y a trois semaines pour faire face aux revers de son armée. S'exprimant lors d'une conférence de presse après un sommet régional à Astana au Kazakhstan, il a assuré que la Russie "n'a pas pour objectif de détruire l'Ukraine", où elle mène une offensive depuis le 24 février.

"Dans l'immédiat, il n'y a pas la nécessité de frappes massives. Actuellement, il y a d'autres objectifs. Pour l'instant, après on verra", a-t-il déclaré. La Russie avait mené lundi des bombardements massifs des villes ukrainiennes ayant endommagé tant des infrastructures électriques que des zones résidentielles ou encore un terrain de jeu à Kiev. Ces frappes intervenaient deux jours après l'explosion survenue sur le pont russe de Crimée, une infrastructure clé, que Vladimir Poutine a imputée aux services secrets ukrainiens.

La Russie fait "tout comme il faut en Ukraine selon Poutine

Le président russe Vladimir Poutine a assuré vendredi faire "tout comme il faut" en Ukraine après bientôt huit mois de combats et au moment où les forces russes ont essuyé de nombreux revers. 

"Ce n'est pas agréable ce qui se passe maintenant, mais (si la Russie n'avait pas attaqué l'Ukraine le 24 février), on aurait été dans la même situation un peu plus tard, juste les conditions auraient été plus mauvaises pour nous. Donc, nous faisons tout comme il faut" a-t-il déclaré à la presse, à l'issue d'un sommet régional au Kazakhstan.

La Russie évacue une partie de la population ukrainienne

La Russie a annoncé jeudi qu'elle allait organiser l'évacuation vers son territoire de la population de la région de Kherson dans le sud de l'Ukraine, affirmant répondre à une demande des autorités d'occupation locales menacées par les progrès de la contre-offensive des forces ukrainiennes.

Alors que malgré ses frappes massives cette semaine dans tout le pays la Russie reste en difficulté sur le terrain face aux contre-offensives ukrainiennes, l'Union européenne a lancé une nouvelle mise en garde à Vladimir Poutine. "Toute attaque nucléaire contre l'Ukraine entraînera une réponse, pas une réponse nucléaire, mais une réponse militaire si puissante que l'armée russe sera anéantie", a déclaré jeudi à Bruges le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Dans l'immédiat c'est d'évacuations de population qu'il est question à Moscou. "A la suite de l'appel du chef de la région de Kherson (...) le gouvernement a décidé d'organiser une aide pour le départ des habitants de la région vers d'autres régions" de la Fédération de Russie, a déclaré le vice-Premier ministre Marat Khousnoulline à la télévision.

"Nous fournirons à chacun un logement gratuit et tout le nécessaire", a poursuivi le ministre, sans donner d'indications sur le nombre de personnes concernées. 

Les autorités d'occupation russes de la région de Kherson avaient demandé auparavant à Moscou d'organiser l'évacuation des civils de ce territoire annexé fin septembre avec trois autres territoires ukrainiens. Les habitants seront emmenés dans la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou, et dans les régions de Rostov, Krasnodar et Stavropol, dans le sud de la Russie.

Les Ukrainiens disent avoir reconquis cinq localités dans la région de Kherson

Cette annonce intervient alors que l'armée ukrainienne a dit jeudi avoir reconquis cinq localités dans la région, après avoir déjà revendiqué mercredi la prise de cinq autres communes.

Depuis plusieurs semaines, l'armée ukrainienne mène une contre-offensive dans ce territoire occupé depuis l'offensive russe mais où elle a affirmé la semaine passée avoir repris plus de 400 km2 en sept jours. Les autorités ukrainiennes n'avaient pas encore réagi aux annonces d'évacuation en début de soirée. Kiev a accusé par le passé la Russie d'avoir emmené sur son territoire sous couvert d'évacuation des milliers d'habitants des territoires occupés.

Poutine propose la création d'un "hub gazier" en Turquie

Sur le front diplomatique, les présidents russe et turc se sont retrouvés jeudi au Kazakhstan en marge d'un sommet régional à Astana, mais n'ont pas évoqué publiquement la proposition de médiation turque évoquée précédemment par le Kremlin. Vladimir Poutine a proposé la création d'un "hub gazier" en Turquie pour exporter les hydrocarbures russes.

"Il n'y a pour nous aucun sens à créer de nouvelles infrastructures qui permettraient d'importer davantage de gaz russe", a réagi la présidence française.

L'Ukraine continue pour sa part d'engranger les promesses de livraisons de systèmes anti-aériens pour neutraliser la menace des missiles russes. Après l'annonce de l'arrivée d'un système allemand et de la livraison prochaine de modèles américains, le Royaume-Uni a annoncé qu'il fournirait des munitions capables d'abattre des missiles de croisière.

L'Espagne va fournir quatre systèmes sol-air de moyenne portée "Hawk", selon l'Otan. "Nous espérons plus de la France et de l'Italie dans ce domaine de la défense aérienne", a déclaré jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s'adressant en visioconférence à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).

Il a souligné lors de son adresse quotidienne dans la soirée que la Russie envoyait en ce moment "des milliers de ses mobilisés sur le front". "L'utilisation par les généraux russes de ces gens comme de la chair à canon leur permet de renforcer la pression sur nos défenseurs. C'est une pression tangible".

Les combats se poursuivent

La situation sur le terrain "est compliquée, mais sous contrôle", a déclaré de son côté le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Valery Zaloujny."La supériorité de l'artillerie ennemie illustre la nécessité d'augmenter la puissance de feu des forces armées ukrainiennes", a-t-il fait valoir. "La question des défenses anti-aériennes intégrées est également essentielle".

Les forces russes, en recul sur plusieurs fronts, sont à l'offensive sur celui de Bakhmout, ville de l'Est qui comptait avant la guerre 70.000 habitants et aujourd'hui largement désertée et ravagée par les tirs d'artillerie.

Plus au nord, à Iampil, près du nœud ferroviaire stratégique de Lyman récemment reconquis par l'Ukraine, les journalistes de l'AFP ont entendu jeudi des tirs nourris d'artillerie. Selon un soldat revenant du front, le village de Torske y essuyait des bombardements russes.

A Belgorod en Russie, un missile ukrainien a frappé, sans faire de victimes, un immeuble d'habitation, ont rapporté les autorités locales. Dans la soirée, une frappe ukrainienne a fait exploser un dépôt de munitions dans la région de cette grande ville située dans une région frontalière de l'Ukraine, selon le gouverneur de la région.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a annoncé s'être entretenu avec le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi, de retour en Ukraine jeudi, dans un abri anti-aérien à Kiev. "J'ai réaffirmé que la Russie doit quitter la centrale nucléaire de Zaporijjia afin de la sécuriser et cesser d'enlever et d'intimider son personnel ukrainien", a déclaré M. Kouleba.

M. Grossi entend négocier une formule à même de sécuriser cette centrale nucléaire, occupée et annexée par les Russes et visée régulièrement par des tirs.

Les viols en Ukraine, "une stratégie militaire" et une "tactique délibérée"

Les viols et agressions sexuelles attribués aux forces russes en Ukraine constituent clairement "une stratégie militaire" et "une tactique délibérée pour déshumaniser les victimes", estime la représentante de spéciale de l'ONU Pramila Patten, dénonçant "des cas horribles et des violences très brutales".

"Toutes les indications sont là", répond Mme Patten, interrogée par l'AFP à Paris sur le viol comme arme de guerre en Ukraine.