Emmanuel Macron met les dirigeants libanais sous pression maximale après leur "trahison"

Pour le président français, la classe politique libanaise devra assumer les conséquences de son incapacité à former un gouvernement.
Pour le président français, la classe politique libanaise devra assumer les conséquences de son incapacité à former un gouvernement. © Christophe Ena / POOL / AP / AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
Lors d'une conférence de presse dimanche soir, Emmanuel Macron a fustigé l'incapacité de la classe politique libanaise à former un gouvernement, suite à la crise déclenchée par la double explosion qui a ravagé Beyrouth, et ce contrairement aux engagements qui avaient été pris en septembre.

Emmanuel Macron a mis dimanche les dirigeants libanais sous pression maximale en les accusant d'une "trahison collective" après avoir échoué à former un gouvernement de mission contrairement à leurs engagements, mettant en jeu l'aide internationale devant permettre de sortir le Liban de la crise. "J'ai honte" pour la classe politique libanaise, a déclaré le président français au cours d'une conférence de presse organisée à l'Elysée au lendemain de la démission du premier ministre désigné Moustapha Adib, incapable de former un gouvernement en raison de querelles politiciennes sur les portefeuilles.

Les partis libanais "portent l'entière responsabilité" de cet échec, qui "sera lourde" et dont ils "devront répondre devant le peuple libanais", a-t-il affirmé. "Quelque dizaines de personnes sont en train de faire tomber un pays", agrippés selon lui à leurs privilèges. "Je constate qu'ils ont fait le choix de livrer le Liban au jeu des puissances étrangères, de le condamner au chaos, au lieu de lui permettre de bénéficier de l'aide internationale dont le peuple libanais a besoin", a-t-il regretté.

Le Hezbollah "ne doit pas se croire plus fort qu'il ne l'est"

"Ce que voulaient faire (les) partis politiques ces dernières semaines, c'était simplement s'assurer que ce soient les mêmes qui restent aux manettes", a-t-il également dénoncé. Ces partis politiques s'étaient engagés auprès d'Emmanuel Macron, le 1er septembre à Beyrouth, à former un cabinet de ministres "compétents" et "indépendants" dans un délai de deux semaines. Mais samedi, Moustapha Adib, chargé le 31 août de le former, a jeté l'éponge, mettant en avant l'inexistence d'un consensus entre les partis malgré le choc provoqué par la tragique explosion du 4 août au port de Beyrouth.

Emmanuel Macron s'en est pris particulièrement au parti chiite Hezbollah, qui "ne doit pas se croire plus fort qu'il ne l'est". Le Hezbollah, a-t-il lancé, "ne peut en même temps être une armée en guerre contre Israël, une milice déchaînée contre les civils en Syrie, et un parti respectable au Liban. C'est à lui de démontrer qu'il respecte les Libanais dans leur ensemble. Il a, ces derniers jours, clairement montré le contraire". "Vous avez un système de terreur qui s'est mis en place et que le Hezbollah a imposé et je le dis avec d'autant plus de clarté que je leur ai dit", a-t-il clairement dénoncé.

"Dernière chance"

Malgré ses vives critiques, Emmanuel Macron a affirmé que les dirigeants libanais avaient une "dernière chance" pour que soient respectés leurs engagements. "La feuille de route du 1er septembre demeure (...), elle est la seule initiative prise sur le plan national, régional et international (...), elle n'est pas retirée de la table (...) mais il appartient maintenant aux responsables libanais de saisir cette dernière chance eux-mêmes", a-t-il dit. Il a aussi indiqué qu'il réunirait "d'ici vingt jours l'ensemble des membres du groupe international de soutien au Liban pour consolider l'unité de la communauté internationale sur les prochaines étapes".

La première "sera d'exiger que les résultats de l'enquête sur les causes de l'explosion du 4 août soit enfin établie et rendue publique et que les responsables soient désignés". Il a exclu l'hypothèse d'imposer des sanctions contre les dirigeants car elles "ne (me) paraissent pas être le bon instrument" à ce stade, et ont "leur limite" car leur "effet utile est difficile à évaluer". "La France restera engagée aux côtés de ses amis libanais", a-t-il assuré.