Dons : "la crise des réfugiés plus clivante qu'une catastrophe naturelle"

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Malgré la médiatisation de la crise, les dons n'affluent pas, selon les associations.

Face à la crise des réfugiés, quel est le comportement des donateurs ? La situation humanitaire mobilise-t-elle autant que des crises comme Haiti ? En un mot, les associations et ONG enregistrent-elles un afflux de dons ?Europe1 a posé la question à Médecins sans frontières (MSF) et à Solidarité laïque.  

"Un peu comme Gaza".MSF n'a pas lancé d'appel aux dons spécifique pour la crise des réfugiés : "nous le faisons rarement et l'enjeu de cette crise n'est pas forcément financier", précise Stéphane Roques, directeur général de l'ONG. Malgré tout, comme cela arrive pour toutes les crises, quelques "dons fléchés" pour les réfugiés – un chèque accompagné d'un petit mot, par exemple – sont arrivés. Parallèlement à ces nouveaux donateurs, il y a eu aussi "de manière anecdotique", et comme cela arrive pour certaines crises, des donateurs qui ont suspendu leurs dons, souligne MSF à Europe 1. "La crise des réfugiés est une crise plus clivante que d'autres, un peu comme pour Gaza", estime Stéphane Roques en rappelant que les dons affluent  massivement surtout pour les catastrophes naturelles, par essence consensuelles.

Pas d'afflux, mais pas de baisse non plus. La tendance globale chez MSF ? "On n'a pas enregistré de pic de dons depuis le début de la couverture médiatique mais on ne relève pas de baisse non plus. Au contraire : la tendance est légèrement à la hausse par rapport à l'année dernière. Selon Stéphane Roques, les donateurs "type" de l'ONG sont plutôt sensibles à la cause des réfugiés : "le profil sociologique de nos donateurs est globalement plus ouvert que celui de la population générale", souligne t-il.

Pas question donc d'imaginer pour les réfugiés une campagne choc comme celle qui avait été lancée en Belgique en 1991 à l'issue de la progression de l'extrême droite flamande : "Nous soignons aussi les noirs et les arabes Si cela vous dérange, ne nous versez pas d'argent", pouvait-on alors lire sur les affiches de MSF. "On n'en est pas du tout là", tranche Stéphane Roques.

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"Une tendance… pas massive". Chez Solidarité laïque, l'appel aux dons spécifiquement pour les réfugiés ne date que de quelques jours et il est donc "trop tôt" pour évaluer la mobilisation mais Roland Biache, le délégué général de l'association parle d'"une tendance réelle et positive… sans être massive" avec "des dons financiers mais aussi des propositions d'aide logistique ou matérielle".

"Rien à voir avec Haïti". Comme Stéphane Roques, Roland Biache estime en tout cas que la crise des réfugiés est "difficilement comparable avec des crises liées à des catastrophes naturelles comme à Haïti ou au Népal". "Cela n'a rien à voir", balaye-t-il en déplorant "un climat politique qui présente les réfugiés comme des déserteurs".