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Louise Salle avec AFP , modifié à
À la tribune de la COP26 qui se tient à Glasgow, Emmanuel Macron a appelé les "plus gros émetteurs" de CO2 en retard sur leurs engagements à "rehausser leurs ambitions dans les 15 jours". Une allusion à la Chine et la Russie. 

Emmanuel Macron a appelé lundi les pays les "plus gros émetteurs" de CO2 en retard sur leurs engagements à "rehausser leurs ambitions dans les 15 jours" de la COP26, en allusion à la Russie et la Chine qu'il a déjà citées dimanche. "La clé pour les 15 prochains jours, ici dans notre COP, est que les plus gros émetteurs dont les stratégies nationales ne sont pas conformes à notre objectif de 1,5 degré rehaussent leurs ambitions dans les 15 jours qui viennent, c'est le seul moyen de recrédibiliser notre stratégie", a-t-il lancé.

"Il est temps de dire 'Assez'", a lancé de son côté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, devant environ 120 dirigeants de tous les continents et des milliers de délégués et d'observateurs. "Assez de brutaliser la biodiversité. Assez de nous tuer nous-mêmes avec le carbone. Assez de traiter la nature comme des toilettes. Assez de brûler et forer et extraire toujours plus profond. Nous creusons nos propres tombes", a-t-il martelé, dénonçant notre "addiction aux énergies fossiles".

"L'humanité a longtemps joué la montre sur le climat. Il est minuit moins une sur l'horloge de l'apocalypse. Nous devons agir maintenant", a renchéri le Premier ministre britannique Boris Johnson, hôte du sommet, mettant en garde contre la colère "incontrôlable" que provoquerait un échec de cette COP26, six ans après l'Accord de Paris. "Nos enfants, les enfants pas encore nés et leurs enfants (...), si nous échouons, ils ne nous le pardonneront pas", a-t-il insisté, reprenant les accusations de "bla bla" adressés récemment par la militante Suédoise Greta Thunberg aux dirigeants du monde.

L'égérie du mouvement climat de la jeunesse et de nombreux autres jeunes ont fait le déplacement à Glasgow pour mettre la pression sur les dirigeants. Dans une pétition en ligne qui a dépassé le million de signatures, ils appellent à "affronter l'urgence climatique. Pas l'année prochaine. Pas le mois prochain. Maintenant". Résumant leurs griefs d'un simple mot : "trahison".

Les observateurs espéraient que la réunion au cours du week-end des leaders du G20, qui représente près de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, donnerait un fort élan à cette COP écossaise repoussée d'un an en raison du Covid-19.

Question de crédibilité

Le G20 a bien réaffirmé à l'unisson l'objectif de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, ajoutant une ambition de neutralité carbone autour du milieu du siècle et la fin des subventions aux centrales à charbon à l'étranger. Mais cela n'a convaincu ni les ONG ni Antonio Guterres qui a fait part de ses "espoirs déçus".

Les Etats-Unis ont eux surtout pointé du doigt Pékin, se disant "déçus" par l'absence d'engagements de la Chine, le principal pollueur mondial, et de la Russie au G20. Les présidents russe et chinois figurent parmi les grands absents à la COP26, mais un message écrit de Xi Jinping doit être publié lundi. Les enjeux de la COP26, qui doit durer deux semaines, sont nombreux, plus difficiles et explosifs les uns que les autres dans un contexte de pandémie mondiale qui a fragilisé les pays pauvres déjà vulnérables aux impacts du dérèglement climatique.

D'abord l'ambition. Les engagements actuels des quelque 200 signataires de l'Accord de Paris, s'ils étaient respectés, mèneraient à un réchauffement "catastrophique" de 2,7°C selon l'ONU. Alors que certains rechignent à l'accélération de la transition qui nécessite des investissements massifs, Joe Biden a au contraire souligné l''opportunité incroyable" que cela représente pour l'économie mondiale, assurant que les Etats-Unis étaient prêts à "montrer l'exemple".