EDITO - "La chute du Mur de Berlin, c’est bien l’économie de marché qui a tué l’économie collectiviste"

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Nicolas Beytout , modifié à
Pour notre éditorialiste Nicolas Beytout, la crise du système capitaliste, qui a triomphé au début des années 1990 du modèle communiste, nourrit désormais la montée des extrêmes droites.

Vendredi 9 novembre marquera les 30 ans de la chute du mur de Berlin. Pour notre éditorialiste Nicolas Beytout, cet événement historique marque davantage la victoire d'un modèle économique sur un autre, que celle de la démocratie sur la dictature. Mais si le capitalisme a balayé l'idéologie collectiviste au début des années 1990, trois décennies plus tard, il est désormais largement remis en cause.

"Il s'agit de l'un des événements les plus importants de l’histoire du monde, ce moment où le communisme s’est effondré en Europe, et où son déclin s'est accéléré ailleurs dans le monde. Il reste bien sûr la Chine, qui se revendique officiellement communiste mais qui a adopté beaucoup des codes de l’économie de marché. Et puis il y a quelques pièces de musée comme Cuba et la Corée du Nord. Cette idéologie funeste, au nom de laquelle des millions de gens ont été tués, s’est donc effondrée ce jour-là, vaincue par le capitalisme. Car c’est bien l’économie, c’est bien le marché qui a vaincu le communisme.

La victoire du capitalisme...

Ces pays se sont écroulés de l’intérieur. Ils ont été ruinés, incapables de suivre la progression du reste de l’humanité. Le progrès, la croissance, l’innovation, la puissance industrielle, et puis au niveau individuel le confort de vie, le bien-être, les loisirs, bref la consommation : tout cela a créé entre les deux blocs un décalage qui n’était plus tenable. C’est bien l’économie de marché qui a tué l’économie collectiviste.

Cette victoire d’un système sur l’autre est toujours aussi nette. Mais, elle n’est plus incontestée. On le voit de façon presque clinique au travers de ce qui se passe en Allemagne sur le plan électoral. Les extrêmes sont de retour, et en particulier dans l’ex-Allemagne de l’Est. Ils prospèrent sur le sentiment de déclassement d’une partie de la population, et aussi sur le thème du 'c’était mieux avant'. Voir renaître l’extrême-droite dans un pays qui a donné naissance au nazisme, c’est très troublant. En réalité, cette extrême droite populiste siphonne les voix qui allaient sur la gauche radicale et sur un mouvement issu du Parti communiste. Le fossé entre les deux Allemagne n’a pas été totalement comblé. Et la frustration vis-à-vis du système est grande.

... Et sa crise

Et cette frustration se retrouve ailleurs qu’en Allemagne, sous une forme différente : c’est tout le mouvement de contestation du capitalisme. Il peut prendre différentes formes, par exemple la contestation de la croissance, ou de l’hyper-consommation, la contestation des inégalités. Ce qui est sûr, c’est que le capitalisme, grand vainqueur il y a 30 ans, n’a pas su penser son évolution. Il n’a pas été capable de se voir autrement que comme un système dominant, vainqueur par KO. Bon, la prise de conscience est en train de se faire, mais ce 30ème anniversaire de la victoire de l’économie de marché est aussi un peu sa défaite, comme un symbole d’un capitalisme qui a échoué, jusqu’à aujourd’hui, à se réinventer."