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Céline Brégand , modifié à
A l'occasion de la Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre des journalistes ce samedi, Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, appelle sur Europe 1 les dirigeants et l'ONU à faire en sorte que "les systèmes judiciaires condamnent ceux qui perpètrent des crimes contre les journalistes".
INTERVIEW

En décembre 2013, l'ONU a proclamé le 2 novembre Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Chaque année, "entre 70 et 100 journalistes sont tués dans le monde dans l'exercice de leurs fonctions, tout simplement parce qu'ils enquêtent, qu'ils effectuent des reportages" rappelle Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, sur Europe 1 ce samedi. Des journalistes tués et une impunité toujours d'actualité. 

En quoi cette journée peut-elle faire évoluer la situation ? "L'enjeu est de mobiliser les dirigeants, et tous ceux qui ont un pouvoir et qui peuvent faire changer les choses, [...] pour qu'ils fassent en sorte que les systèmes judiciaires condamnent ceux qui perpètrent des crimes contre les journalistes", souligne Christophe Deloire.  

"Un taux d'impunité" alarmant

Lorsque des journalistes sont tués, neuf fois sur dix, aucune investigation n'est menée, aucun coupable n'est trouvé et aucune condamnation n'est prononcée. "C'est un encouragement à ceux qui assassinent les journalistes que d'avoir un tel taux d'impunité", s'alarme le journaliste. 

"Au Brésil, il y a un parquet spécial pour les assassinats de journalistes et des défenseurs des droits de l'Homme. Mais lorsque j'ai rencontré son responsable il y a trois ans, il était incapable de donner les noms des dossiers dans lesquels il y avait eu une élucidation. Le taux d'échec de cette bureaucratie était supérieur à 99%", constate Christophe Deloire. 

"Les journalistes sont sciemment visés" 

Contrairement à ce que peut penser le public, "la plupart des journalistes tués dans le monde sont des journalistes qui sont sciemment visés, parfois sur les terrains de guerre mais de plus en plus souvent, et en majorité d'ailleurs, dans des pays en paix", fait remarquer le secrétaire général de RSF.  

Christophe Deloire rappelle : "ce sont des journalistes locaux qui font simplement leur boulot, enquêtent au Mexique sur les narco-trafiquants, en Russie font des enquêtes sensibles et se retrouvent assassinés la plupart du temps par des gangs, des pouvoirs locaux et puis parfois c'est un crime d'État comme pour Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné au consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul".