Changement de nom : la Macédoine à l'heure de la décision

Macédoine, Macédoniens, drapeau macédonien crédit : Robert ATANASOVSKI / AFP - 1280
Le Parlement macédonien examine le changement de nom du pays qui est loin de faire l'unanimité. © Robert ATANASOVSKI / AFP
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avec AFP , modifié à
Le Parlement macédonien commence mercredi l'examen des quatre amendements constitutionnels qui prévoient d'appeler leur pays "République de Macédoine du Nord", avant un vote décisif le 15 janvier, ou plus tôt.

Le Parlement macédonien s'apprête à décider s'il rebaptise le pays en "République de Macédoine du nord", ce qui ouvrirait la voie à une résolution définitive de son litige avec la Grèce. Le vote sur les quatre amendements constitutionnels examinés à partir de mercredi par les 120 députés doit intervenir avant la date-limite du 15 janvier, mais il pourrait être beaucoup plus rapide, peut-être dès la première journée de débats, selon les observateurs.

Un litige ancien autour d'un nom et d'un héritage. Vieux de plus d'un quart de siècle, ce litige ferme la porte de l'Union européenne et de l'Otan à la Macédoine et ses 2,1 millions d'habitants, du fait du veto des Grecs. Ceux-ci contestent à leur voisin, indépendant depuis sa sécession de la Yougoslavie en 1991, le droit de se baptiser "Macédoine". Ils estiment que c'est le nom exclusif de leur province septentrionale autour de Thessalonique, accusent les Macédoniens d'usurper leur héritage historique, notamment celui du roi antique Alexandre Le Grand, et les soupçonnent d'ambitions irrédentistes.

Vers une résolution du conflit. Un vote positif clorait des mois de processus, avec un référendum controversé le 30 septembre et une longue bataille parlementaire. La balle passerait à Athènes. Le changement de nom n'entrera en effet en vigueur que si le Parlement grec avalise aussi l'accord conclu au printemps entre les Premiers ministres macédonien Zoran Zaev et grec Alexis Tsipras. Ce dernier dispose d'une majorité fragile (153 sur 300), et son allié, Panos Kammenos, ministre de la Défense et chef d'un petit parti souverainiste, a menacé de démissionner. 

Un Premier ministre macédonien en difficultés. La partie est également serrée pour Zoran Zaev. Son parti social-démocrate et ses alliés des partis de la minorité albanaise, ne disposent pas de la majorité requise des deux-tiers. Ils comptent sur le ralliement d'une partie de la droite (VMRO-DPMNE), comme lors du lancement du processus législatif en novembre.

Un vote positif signerait une victoire politique pour Zoran Zaev, que ses adversaires avaient donné affaibli après le référendum consultatif sur le nom. La validité de la victoire du "Oui" (plus de 90%) avait été contestée par l'opposition en raison d'une abstention massive : plus des deux-tiers des électeurs ne s'étaient pas déplacés. 

Un vote incertain. Les principaux dirigeants du VMRO-DPMNE restent fermes dans leur opposition mais le parti apparaît fragilisé par les dissidences et la disparition du paysage politique de celui qui fut plus de dix ans son patron incontesté, Nikola Gruevski, tenant d'une ligne intransigeante face à la Grèce. Cible de plusieurs enquêtes pour corruption, l'ancien Premier ministre, proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban, a fui en novembre en Hongrie pour échapper à la prison. Il y a obtenu l'asile politique, au grand dam de Skopje et de Bruxelles.

Le président macédonien opposé au nouveau nom. Héros des nationalistes macédoniens, le président de droite Gjorge Ivanov, dont le rôle est honorifique, a dit son espoir qu'une majorité parlementaire "trouvera la force d'écouter la voix du peuple" exprimée selon lui par l'abstention au référendum, et prévenu qu'il ne "renoncerait" pas. Par le passé, il a refusé de signer des promulgations, mais la constitution macédonienne prévoit qu'il est "obligé" de le faire si "la loi est adoptée par une majorité des deux-tiers" (Art.75).