Ce jour où Rosa Parks a lancé "la première pierre d’une décennie fantastique pour la communauté afro-américaine"

Rosa Parks, en 1994.
Rosa Parks, en 1994. © AFP
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Guillaume Perrodeau
Jeudi, Christophe Hondelatte fait le portrait de Rosa Parks, avec l'historien Corentin Sellin, spécialiste de la politique américaine.

Le 1er décembre 1955, dans la ville de Montgomery, en Alabama, Rosa Parks refuse de laisser sa place de bus à un client blanc. Son geste a été le déclencheur d'un mouvement d'ampleur pour les droits civiques aux Etats-Unis, comme le rappelle jeudi Christophe Hondelatte.

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Une fille de caractère. Déjà toute petite, Rosa Parks ne se laisse pas faire. À plusieurs reprises, dans sa jeunesse, elle fait preuve de caractère. À 10 ans, elle croise un petit garçon blanc qui la menace. La petite Rosa ramasse une brique et menace de se défendre s'il approche. Le gamin se déballonne et fuit. Quelques mois plus tard, sur le chemin de l'école, c'est un autre garçon qui la pousse sans raison. Elle le bouscule en retour, faisant fi des menaces de la mère du petit garçon.

Un cadre bien établi dans les bus. Rosa Parks épouse Raymond Parks en 1932. C'est un militant et membre de l'Association pour la promotion des gens de couleur. Association à laquelle elle adhère personnellement en 1943. Ce n'est que douze ans plus tard, le 1er décembre 1955, que le célèbre "incident" va se produire. Dans les bus de Montgomery, dix places sont réservées à l'avant pour les blancs, dix à l'arrière pour les noirs et les seize places du milieu sont occupées en fonction des personnes présentes, mais ce sont les blancs qui y sont assis, si leurs places réservées sont toutes prises.

"Elle prend des risques lorsqu’elle fait ça". Ce soir du 1er décembre 1955, Rosa Parks et trois autres noirs occupent les places du milieu. À un arrêt, quatre blancs rentrent et occupent les dernières places disponibles sauf un, qui doit se diriger vers les places du milieu. Le chauffeur somme Rosa Parks et les trois autres noirs de se lever. Tous s’exécutent, sauf Rosa Parks. Elle est fatiguée de courber l'échine depuis des années. "Elle prend des risques lorsqu’elle fait ça. On est dans une période où elle risque gros", explique l'historien Corentin Sellin. Malgré les menaces du chauffeur, elle ne bouge pas. La police est appelée.

"Son geste individuel rejoint une conscience collective". Arrêtée et emmenée au bureau de police, elle est incarcérée dans la foulée, avant qu'une militante ne paie sa caution. Chez elle, en compagnie de son mari et du président de l'Association pour la promotion des gens de couleur, elle accepte de porter l'affaire devant la Cour suprême. C'est ainsi que va commencer le boycott des bus de Montgomery de la part de la communauté noire. Ils demandent que soient respectées de nouvelles règles : que les blancs et les noirs puissent s'asseoir où ils veulent dans un bus et que des chauffeurs noirs soient engagés. Le mouvement de désobéissance civique, notamment porté par Martin Luther King, sera très suivi.

Après une année de boycott, le 13 novembre 1956, la Cour suprême statue : la ségrégation des bus est inconstitutionnelle. "À partir de 1956, la Cour suprême dit que les communautés doivent être égales dans l’absolu", précise Corentin Sellin. "C’est la première pierre d’une décennie fantastique pour la communauté afro-américaine", celle de la lutte pour les droits civiques, rappelle-t-il. "Son geste individuel a tout à coup rejoint une conscience collective."