Brexit : Theresa May précise son plan B, assez proche du plan A

Theresa May a tenté de rallier les députés à son plan B, lundi.
Theresa May a tenté de rallier les députés à son plan B, lundi. © HO / PRU / AFP
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Thibauld Mathieu avec AFP , modifié à
Promettant plus de souplesse avec le Parlement, la Première ministre britannique Theresa May s'est notamment engagée lundi à retourner à Bruxelles pour évoquer la question de la frontière entre les deux Irlande après le Brexit.

Près d'une semaine après le rejet massif de l'accord qu'elle avait âprement négocié avec l'Union européenne, la Première ministre britannique Theresa May a tenté lundi de rallier les députés derrière son "plan B" pour le Brexit. Mais à dix semaines seulement de la sortie prévue de l'UE, le 29 mars, la voie proposée ressemble fortement à l'accord initial. Seule annonce marquante : la dirigeante conservatrice entend rediscuter avec Bruxelles la question du "filet de sécurité" censé éviter le retour d'une frontière physique entre les deux Irlande.

La question du "filet de sécurité" de nouveau sur la table. Theresa May cherche en effet à faire plier l'UE sur une disposition visant à éviter le rétablissement d'une frontière dure entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord. "Je vais continuer à m'entretenir avec mes collègues cette semaine - dont le DUP (nord-irlandais, ndlr) pour voir comment remplir nos obligations (…) d'une manière qui aura le plus grand soutien de cette chambre. Et je présenterai les conclusions de ces discussions à l'UE", a-t-elle ainsi déclaré face aux députés.

Ce "filet de sécurité", appelé "backstop" en anglais, cristallise les critiques au Royaume-Uni, en particulier des Brexiters qui y voient la porte ouverte à un arrimage permanent de leur pays à l'UE, et des unionistes du DUP (pro-Brexit), allié indispensable de Theresa May au Parlement, qui dénoncent le statut particulier qu'il octroierait à l'Irlande du Nord. Prévu pour n'entrer en vigueur qu'à défaut d'autre solution à l'issue d'une période de transition, ce dispositif stipule que le Royaume-Uni demeure dans un "territoire douanier unique" avec l'Union européenne, ce qui limiterait la capacité de Londres à négocier des traités commerciaux avec des pays tiers. 

L'UE se refuse à rouvrir le débat. L'obstacle est-il franchissable ? Le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, a déjà exclu toute renégociation de l'accord, "le meilleur possible" selon lui, sur la télévision irlandaise RTE. Le ministre polonais des Affaires étrangères a vraisemblablement été le seul des 27 États membres à se désolidariser de cette position, suggérant au micro de la BBC de limiter le "filet de sécurité" à cinq ans. Son homologue irlandais, Simon Coveney, a immédiatement écarté cette idée. "C'était probablement une tentative d'aider. La Pologne a plus de citoyens au Royaume-Uni que n'importe quel autre État membre, plus que l'Irlande même. Mais je ne pense pas que son intervention reflète la pensée de l'UE", a souligné ce dernier, en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Un geste envers les citoyens européens. Excluant tout nouveau référendum, la Première ministre britannique a par ailleurs promis aux députés britanniques d'être plus à l'écoute du Parlement au moment de négocier les futures relations de son pays avec l'Union européenne. Elle a aussi fait un geste en faveur des citoyens européens, en supprimant le paiement prévu de 65 pounds (soit 75 euros) pour obtenir le droit de rester légalement au Royaume-Uni après le Brexit. Ceux qui ont déjà procédé au paiement - la procédure a été ouverte lundi - seront pour leur part remboursés. 

Le risque d'un "tsunami politique". Face à ce qu'ils dénoncent comme "l'intransigeance" de Theresa May, plusieurs groupes de députés ont prévu de tenter de court-circuiter le gouvernement en déposant des amendements à son "plan B" pour éviter un "no deal" ou reporter la date de sortie, avant un vote fixé au 29 janvier, à deux mois tout juste du Brexit. Downing Street a qualifié ces projets d'"extrêmement inquiétants". Le ministre britannique du Commerce extérieur, Liam Fox, a mis en garde contre le risque de "tsunami politique" si les députés ne respectaient pas le résultat du référendum de juin 2016.