Brexit : "Il est incontestable" que d'autres pays voudront partir

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Pour Jean-Dominique Giuliani, les "pays d'Europe centrale et orientale qui ne veulent pas d'immigrés chez eux" pourraient aussi vouloir quitter l'UE.
INTERVIEW

L'Union européenne s'apprête à vivre un tournant dans son histoire. Jeudi, les Britanniques sont attendus aux urnes pour dire s'ils souhaitent ou non rester dans l'Union européenne. Lundi matin, Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, était l'invité d'Europe 1 vous répond. Il est revenu sur les conséquences d'un Brexit.

Plus de deux ans pour négocier un départ. Dès le départ, la sortie d'un pays de l'Union avait été prévu par les textes. "Quand un pays veut sortir de l'UE, il en a absolument le droit", confirme Jean-Dominique Giuliani. Si les Britanniques se prononcent en faveur du Brexit, "il se passera une négociation pour savoir dans quelles conditions les traités qui ont été négociés par les 28 peuvent être dénoués", poursuit-il. La dizaine de traités négociés avec la Grande-Bretagne devront en effet être renégociés. "Dans les textes, il est prévu que (cette négociation) prenne deux ans, mais on pense que cela prendra beaucoup plus de temps", prévient le président de la Fondation Robert Schuman.

Des conséquences économiques. Ce départ "coûterait cher aux Anglais, mais aussi aux Français, parce que le Royaume-Uni est l'un des rares pays avec lequel nous avons un excédant commercial (exportations dépassant les importations, ndlr)", détaille Jean-Dominique Giuliani. "Nous avons aussi des relations très étroites notamment en matière de défense. Nous partageons par exemple un certain nombre de secrets les mieux gardés avec les Britanniques", poursuit-il. En cas de sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, "il sera moins intéressant de faire du commerce avec eux" en raison des possibles droits de douane. Pour le citoyen moyen, aller à Londres ou l'inverse deviendrait aussi plus compliqué.

Effet de contagion ? En cas de départ de la Grande-Bretagne, "il est incontestable" que d'autres pays pourraient aussi vouloir partir. Parmi ces pays, "on pense immédiatement aux pays d'Europe centrale et orientale qui ne veulent pas d'immigrés chez eux". "C'est une rupture de confiance et on voit bien que l’Europe a des problèmes et des difficultés à les surmonter", détaille Jean-Dominique Giuliani. "Ce référendum arrive à un moment qui est un tournant. Jusqu’à présent l'Union européenne a plutôt bien fonctionné, dans la crise on voit bien qu'elle ne satisfait plus tout le monde et qu'elle doit se réinventer", conclut-il.