À Calais, jusqu'à 9.000 camions circulent chaque jour. 2:00
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Lionel Gougelot, édité par Jonathan Grelier avec AFP
Alors que les négociations sur un accord commercial post-Brexit semblent se diriger vers une impasse à Bruxelles, les conséquences d'un éventuel "no deal" commencent à poindre dans le Pas-de-Calais. La précaution des Britanniques génère un trafic routier qui encombre l'accès vers le tunnel sous la Manche et les terminaux portuaires.

Les chances d'un accord commercial post-Brexit entre l'Union européenne (UE) et le Royaume-Uni semblait s'amenuiser vendredi, alors que la date butoir du 31 décembre approche à grands pas. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré aux dirigeants des 27 États membres, réunis en sommet à Bruxelles, que les espoirs d'un accord étaient "faibles". Même son de cloche du côté du Premier ministre britannique, Boris Johnson, qui a jugé "très, très probable" l'échec des négociations.

Ces négociations au sommet auront bien sûr d'immenses répercussions sur la vie des Britanniques, mais pas seulement. Dans le Pas-de-Calais, et à Calais en particulier, on observe déjà ce que pourrait signifier un no deal au quotidien.

Jusqu'à 9.000 camions par jour à Calais

À l'entrée du port de cette ville et du tunnel sous la Manche, cela fait trois semaines que ça dure. Les camions se suivent dans de longues files d'attente. Certains jours, jusqu'à 9.000 camions traversent la Manche, ce qui engorge les accès vers le tunnel ou les terminaux des ferries. Autre conséquence : les autoroutes sont engorgées.

En période de fêtes, le trafic de marchandises est toujours soutenu vers le Royaume-Uni. Mais à l'approche du 31 décembre - date à laquelle les échanges risquent de se faire selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), c'est-à-dire avec des droits de douane et des quotas -, les Britanniques font davantage de stocks et importent des tonnes de marchandises supplémentaires.

"Les Britanniques importent en masse pour pouvoir stocker"

"En cas de Brexit dur, il y a une taxation importante des produits importés. Donc [les Britanniques] importent en masse aujourd'hui pour pouvoir stocker et revendre au même tarif sur la période du premier trimestre 2021", explique David Sagnard, qui préside la Fédération des transporteurs routiers dans la région.

Pour les entreprises locales de transport, ces embouteillages sont aussi synonymes de perturbations. À cause des ralentissements et des retards, celle de Sébastien Allan perd 10% de son chiffre d'affaires. "C'est de la perte sèche et de la désorganisation", raconte le chef d'entreprise. "Si je paye aujourd'hui toutes mes charges, c'est pour utiliser les routes. Si je ne peux pas utiliser les routes où je dois travailler, à ce moment-là, qu'on m'explique ! Je comprends très bien le tunnel. Seulement on ne s'est pas réveillés hier sur le Brexit, en disant 'tiens, on va faire un Brexit. On va tout bloquer'."

Selon les transporteurs routiers, cette situation de blocages augure de l'après 31 décembre. Du côté des autorités, on assure en revanche que tout sera prêt dans le port et au tunnel sous la Manche pour assurer un maximum de fluidité si le Brexit se termine par un no deal. L'UE a par ailleurs prévu des mesures d'urgence en cas de no deal. Elles visent à maintenir une connectivité dans le transport routier et aérien pendant six mois, à condition que Londres fasse de même, et à garantir l'accès réciproque aux eaux des deux parties pour les bateaux de pêche en 2021.