Brexit : comme un vent de panique

Mercredi, sur l’un des ponts qui traversent la Tamise à Londres, les supporters du maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE avaient déployé une immense banderole
Mercredi, sur l’un des ponts qui traversent la Tamise à Londres, les supporters du maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE avaient déployé une immense banderole © NIKLAS HALLE'N / AFP
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A moins de huit jours du référendum, les sondages donnent le camp du Brexit en tête. Des prévisions qui inquiètent aussi bien les marchés financiers que les expatriés britanniques.

"Le Brexit est une réalité". Ils sont des dizaines, depuis le début de la semaine, à poster ce message sur les réseaux sociaux. Alors que les partisans du Brexit ont le vent en poupe, l’inquiétude grandit. D’après les derniers sondages, le camp du "leave" serait en tête avec six points d'avance (53%) dans les intentions de vote pour le 23 juin prochain, selon une enquête publiée par le Guardian. Des projections qui commencent à sérieusement inquiéter les Britanniques opposés à une sortie de leur pays de l'UE, mais aussi la City, où l’impact se fait sentir sur le cours de la livre sterling.

Des grands patrons inquiets

"Le Brexit me fait peur. Il faut absolument voter pour le maintien dans l’Union européenne", écrit Eileen sur Twitter. Comme elle, les supporters du "remain" essaient de convaincre leurs concitoyens de faire "le bon choix". A moins de huit jours du référendum le temps presse, alors les anti-Brexit passent à l’offensive.

Mercredi, sur l’un des ponts qui traversent la Tamise à Londres, les supporters du maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE avaient déployé une immense banderole à destination de Nigel Farage, leader de l'Ukip, sur laquelle on pouvait lire "Ne laissez pas Nigel faire sombrer la Grande-Bretagne". Toute la journée, ce fervent défenseur du Brexit a remonté le fleuve à bord d’une péniche pour faire campagne.

Le Blitz médiatique pour sauver le "remain"

Les inquiétudes du camp du "remain" se sont à juste titre accentuées en début de semaine avec la publication de nouveaux sondages donnant le Brexit vainqueur. Signe que le vent a tourné, l'ancien Premier ministre travailliste Gordon Brown a finalement décidé de se porter au secours du camp du maintien.

A quasiment une semaine du référendum, "Gordon Brown va diriger un blitz médiatique travailliste pour secourir le camp du ‘Remain’", soulignait lundi matin le tabloïd de gauche Daily Mirror. Le "blitz" a démarré en début de semaine, avec une interview à la BBC  au cours de laquelle l’ancien dirigeant a encouragé les électeurs travaillistes, majoritairement pro-UE, à aller voter pour un "avenir meilleur".

"Un Etat tiers que l'on ne caressera pas dans le sens du poil"

Mais pour les Britanniques expatriés, l’avenir semble déjà s’assombrir. L’inquiétude est réelle en Espagne où vivent quelque 283.000 Britanniques, dont une grande partie de retraités.  Pour eux, la sortie du Royaume-Uni de l’UE serait une catastrophe.

"Il y a une certaine inquiétude au sujet des conséquences en matière de santé d'une sortie de l'UE. Je pense que si c'est le cas, il y aura un exode massif", confie Irene Davies, 64 ans, installée à quelque 80 km de la ville de Benalmadena. Les résidents ici, sont pour la plupart âgés de 60 à 80 ans, "ils prennent tous des médicaments", ajoute-t-elle.

Une inquiétude fondée. Si la Grande-Bretagne venait à sortir de l’UE, la couverture santé de ses expatriés en serait automatiquement modifiée. Fin mai, dans un entretien accordé au Monde, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a prévenu : "le Royaume-Uni devra accepter d'être considéré comme un Etat tiers, que l'on ne caressera pas dans le sens du poil".

Un vent de "panique" souffle désormais sur le camp du maintien

Au cœur de la City, la peur d’un Brexit se fait aussi sentir. La Bourse de Londres a terminé en chute de 2%. "A chaque fois qu'il y a un sondage" en faveur du Brexit ou "une rumeur", "le marché recule à nouveau", explique Alexandre Baradez, analyste d'IG France.

Un vent de "panique" souffle désormais sur le camp du maintien, ont expliqué au Times et au Guardian des sources au sein de la campagne en faveur de l'UE, même si le porte-parole de "Britain Stronger in Europe" cherche à relativiser. "Je ne prêterais pas trop attention aux sondages, ils montent, ils baissent et on sait qu'ils avaient tout faux l'année dernière" pour les législatives, a-t-il assuré.