Loukachenko Biélorussie 2:09
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Didier François, édité par
Face à la contestation croissante d'une partie de la société, Alexandre Loukachenko a décidé de réprimer ses opposants pour garder le pouvoir à Minsk. Mais avec cette stratégie, prise pour éviter la paralysie économique du pays, le président biélorusse mise énormément sur l'appareil sécuritaire de l'État.
ANALYSE

L'image est totalement surréaliste : Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, sortant de son hélicoptère, kalachnikov à la main, en train d'arriver dans sa résidence de Minsk. Contesté par une partie de la société biélorusse depuis les élections du 9 août dernier, le dirigeant ne veut rien négocier avec ses opposants. Il cherche à réprimer de manière autoritaire la contestation, stratégie qui présente cependant un risque.

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Le message de répression lancé par Alexandre Loukachenko a été parfaitement compris par les organes de sécurité, qui se sont lancés dans une vaste rafle des opposants. Les premiers à faire les frais de ce durcissement du régime sont les ouvriers. Des interventions musclées ont été menées, lundi, contre l'usine de tracteurs de Minsk, l'un des plus gros conglomérats de la capitale et surtout le premier bastion de la contestation. En province, les unités anti-émeutes de la police ont donné l’assaut aux mines de potasses de Saligorsk, une grosse ville industrielle.

Désaveu ouvrier

En réalité, le régime biélorusse craint par dessus tout la paralysie économique du pays, qui guette. C'est ce qui explique que la plupart des personnes arrêtées lundi soient membres du Conseil de coordination, la structure qui organise et pilote la grève générale. 

Pour un régime au discours extrêmement populiste qui accuse toute l'opposition d’être téléguidée par l’Occident, la révolte ouvrière massive représente un véritable désaveu. C'est également un défi bien plus sérieux qu’un mouvement étudiant.

Le poids de la Russie

Dans ces conditions, Alexandre Loukachenko peut-il véritablement perdre le pouvoir ? Il a en tout cas clairement perdu la confiance de son peuple. Sa capacité à conserver son poste de président va dépendre de la loyauté de son appareil de sécurité. Et donc, en grande partie, de la tolérance dont va faire preuve Moscou à son égard, sachant que Vladimir Poutine n’est pas véritablement un soutien d’Alexandre Loukachenko.

A priori, le président russe ne prendra pas le risque de le faire chuter. Mais si la crise s’aggrave et s’il lui trouve un remplaçant capable de garantir les intérêts de la Russie, il n’hésitera pas à une seconde à le lâcher.