Biélorussie Svetlana Tikhanovskaïa 1:53
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Jean-Sébastien Soldaïni, à Vilnius (Lituanie), édité par
Exilée de Biélorussie, l'opposante à Alexandre Loukachenko, Svetlana Tikhanovskaïa, refuse autant l'ingérence occidentale que russe. Mais sa position est extrêmement délicate, à l'heure où la contestation face au président biélorusse entre dans sa troisième semaine.
DÉCRYPTAGE

Le mouvement de protestation contre le président biélorusse Alexandre Loukachenko est entré dans sa troisième semaine. Sa première opposante, Svetlana Tikhanovskaïa, continue de mener la mobilisation depuis l'étranger. "Une révolution pacifique est en cours en Biélorussie", a-t-elle affirmé devant le Parlement européen, mardi. Mais la position de cette traductrice et enseignante de profession n'est pas simple, coincée comme elle l'est entre l'Union européenne et la Russie.

"Nous voulons seulement être souverains"

C'est même un rôle d'équilibriste que Svetlana Tikhanovskaïa doit endosser : d'un côté, elle a besoin de l'Europe, mais elle ne peut surtout pas s'attirer les foudres de Moscou. La chef de file de la contestation insiste sur une chose : elle ne veut pas que son pays devienne un enjeu géopolitique et le théâtre d'un bras de fer entre la Russie et l'Union européenne.

L'enjeu, pour son mouvement, est donc de ne pas transformer la Biélorussie en Ukraine, tiraillée entre deux puissances antagonistes. "Nous voulons seulement être souverains, nous ne voulons pas plus du soutien de l'Europe que de celui de la Russie", clame Katerina, exilée biélorusse à Vilnius, dans la Lituanie voisine. "Nous voulons être en dehors de tout ça et prouver que nous avons notre propre nation. Par la suite, nous pourrons agir sur la scène internationale."

Tikhanovskaïa refuse "l'ingérence"

Svetlana Tikhanovskaïa appelle tout de même l'Europe à l'aide sur un terrain précis. "Elle demande à ce qu'on mette de la pression politique sur le pouvoir en place par rapport aux prisonniers politiques", explique Stéphane Séjourné, eurodéputé macroniste que l'opposante biélorusse a rencontré lundi. "Mais pas d'ingérence politique, c'est la limite qu'elle a rappelée à plusieurs reprises. Ce n'est pas aux États-Unis, à l'Union européenne ou à la Russie de décider qui va être président à la place du pouvoir actuel. C'est ce que veut dire la non-ingérence."

Svetlana Tikhanovskaïa fait l'exact contraire de ce que tente Alexandre Loukachenko. Le président biélorusse s'efforce de discréditer la contestation en présentant le mouvement comme un complot occidental destiné à ruiner les relations avec Moscou.