Bachar al-Assad dans "Paris Match", les dessous d’une interview choc

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Clémence Olivier , modifié à
Fin 2014, alors que la guerre civile syrienne a déjà coûté la vie à des centaines de milliers de civils et de combattants, le journaliste Régis Le Sommier s'est rendu à Damas pour interviewer Bachar al-Assad. Dans le septième épisode du podcast "Paris Match Stories", il explique pourquoi, selon lui, cet entretien était nécessaire pour confronter le leader syrien dont la responsabilité est écrasante dans le conflit. 
PODCAST

C'est un entretien qui a été vivement critiqué. En 2014, sur Europe 1, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait même taxé de publireportage l'interview que Régis Le Sommier, le directeur adjoint de la rédaction de Paris Match, avait mené à Damas avec Bachar al-Assad. Dans le septième épisode de Paris Match Stories, le podcast de Paris Match produit par Europe 1 Studio, le journaliste balaye ces critiques. Il explique pourquoi, selon lui, il fallait lui donner la parole à plusieurs reprises et en faire un livre, Assad, publié en 2018.

"Je ne m’attendais pas à ce que les critiques soient aussi violentes. J’ai été l’objet d’un tir de barrage en règle", estime le directeur adjoint de la rédaction de Paris Match. "Que le ministre des Affaires étrangères français critique les propos de Bachar al-Assad il n’y a aucun problème. En revanche, qu’il vienne qualifier mon interview qui a été faite suivant les règles, qui est impeccable, de publireportage, c'est très vexant et surtout c’est faux", insiste le journaliste qui explique qu'au fil des années il a réussi à nouer des contacts en Syrie avec le pouvoir en place mais aussi avec des gens de l’opposition ainsi que des photographes qui ont couvert le camps rebelle à Alep et dans la Ghouta". De quoi lui offrir une vision plus large de la situation du pays. 

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"Il faut aller chercher la vérité au fond des yeux des gens"

Par ailleurs, selon lui, donner la parole à Bachar al-Assad n'a rien de choquant éthiquement parlant. Il estime que c'est une façon d'éclairer le lecteur, de l'aider à comprendre la situation sur place. "L’intérêt fondamental d’aller parler à Bachar al-Assad est d’abord de considérer qu’en Syrie il est un des acteurs principaux du conflit", confie-t-il. "Il faut aller chercher la vérité au fond des yeux des gens. Quand on a l’occasion de franchir cette porte et de se retrouver face à quelqu’un comme Bachar al-Assad, c’est important de ramener cette information, c’est important de ramener ce ressenti. Cela peut expliquer des choses, même si ça n’explique pas tout".

Et le directeur adjoint de la rédaction de poursuivre : "J’ai une vision très humble de mon métier mais je pense avoir réussi lors de cet entretien mené en 2014 à toucher une part de la vérité du personnage. Parfois, dans notre métier, nous sommes amenés à parler à des gens qui ont du sang sur les mains, les diplomates aussi. D'ailleurs la définition de la diplomatie, c’est de parler à des gens qui ont du sang sur les mains", développe Régis Le Sommier. "Mais moi je suis quelqu’un qui rapporte un propos, je suis un reporter dans l’âme. Je ne suis pas un juge, ni professeur de morale". 

Depuis mars 2011, le conflit syrien a fait plus de 380.000 morts dont plus de 115.000 civils, et des millions de déplacés et réfugiés.