Autriche : accord de gouvernement entre la droite de Sebastian Kurz et les Verts

Sebastian Kurtz est de retour au pouvoir en Autriche.
Sebastian Kurtz est de retour au pouvoir en Autriche. © GEORG HOCHMUTH / APA / AFP
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avec AFP , modifié à
Sebastian Kurz, le jeune leader conservateur, va revenir au pouvoir grâce à une coalition inédite avec les Verts. Il avait déjà dirigé l'Autriche avec l'extrême droite jusqu'en mai dernier. 

Le conservateur Sebastian Kurz et les Verts ont scellé mercredi soir un accord de coalition, signant le retour à la chancellerie du jeune dirigeant chrétien-démocrate qui a gouverné l'Autriche jusqu'en mai avec l'extrême droite. "Le parti ÖVP et les Verts se sont entendus sur un programme de gouvernement", a indiqué un responsable de la formation écologiste, qui va pour la première fois participer à une coalition gouvernementale. Un responsable du parti conservateur a confirmé cet accord, alors qu'une annonce officielle était attendue à l'issue d'une réunion en cours à Vienne pour finaliser cette alliance.

Trois mois après les législatives du 29 septembre remportées par l'ex-chancelier Kurz, l'Autriche va expérimenter une alliance inédite entre l'ÖVP, poids lourd de la politique nationale, et le parti Die Grünen, qui a enregistré une percée aux dernières élections. Le pays d'Europe centrale, peuplé de 8,9 millions d'habitants, figurera avec la Suède, la Finlande, la Lituanie et le Luxembourg parmi les États membres de l'UE où des écologistes participent au gouvernement, dans un contexte où les appels à agir contre le changement climatique se font de plus en plus pressants.

Une coalition risquée

Le tandem n'a rien d'évident entre le libéral Sebastian Kurz, partisan d'une ligne dure sur l'immigration, et des Verts politiquement ancrés à gauche qui ont été parmi les opposants les plus virulents au dirigeant de 33 ans lorsqu'il s'était allié avec l'extrême droite, en décembre 2017, pour son premier mandat. Cette union de la droite conservatrice et des nationalistes avait été suivie avec attention par une Europe aux prises avec la montée des populismes. Mais le gouvernement de Sebastian Kurz avec le FPÖ a volé en éclat au bout de 18 mois, lorsque le leader de l'extrême droite et vice-chancelier Heinz-Christian Strache a été mis en cause dans une affaire de corruption.

Le retentissant scandale de l'Ibizagate est né de la diffusion, en mai dernier, d'une vidéo tournée en caméra cachée dans une villa d'Ibiza (Espagne), montrant notamment Heinz-Christian Strache prêt à négocier des marchés publics avec une femme se faisant passer pour la nièce d'un oligarque russe. Contraint de saborder sa coalition, Sebastian Kurz avait convoqué des élections anticipées que son parti a largement remportées (37,5%). Face à des sociaux-démocrates en perte de vitesse et une extrême droite devenue peu fréquentable et accusant un recul de 10 points dans les urnes, le chef de la droite a choisi de se tourner vers les écologistes (quatrièmes avec 13,9% des suffrages).

Les deux partis prennent "un pari risqué" compte-tenu de leurs "approches politiques fondamentalement différentes", souligne le quotidien régional Tiroler Zeitung. Les Verts seront "des partenaires de coalition plus exigeants que les rigolos d'Ibiza", pronostique le puissant tabloïd Kronen Zeitung, estimant que "la perte d'un certain confort est le prix que doit payer Sebastian Kurz pour conserver le pouvoir".