Attentats en Catalogne : le point sur l'enquête

L'enquête se concentre autour d'un imam, dimanche en Catalogne (photo d'illustration). © AFP
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M.L. avec AFP et Salomé Legrand , modifié à

Trois jours après les attentats, l'enquête de la police se concentre sur un imam d'une petite localité de Catalogne, dont sont originaires plusieurs membres de la cellule terroriste suspectée.

Au terme du troisième jour de deuil national en Espagne, l'attention se concentre désormais sur un imam d'une petite localité de Catalogne dont sont originaires plusieurs membres de la cellule djihadiste responsable des attentats de Barcelone et Cambrils, revendiqués par l'organisation État islamique. "La cellule a été démantelée", avait affirmé dès samedi le ministre espagnol de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido. Mais la police catalane a tenu à nuancer, rappelant qu'"une personne (faisait) toujours l'objet d'un avis de recherche". La cellule, avait indiqué un responsable de la police vendredi, compterait une douzaine de personnes.

Un imam à l'origine de la radicalisation ? Dimanche, la presse espagnole s'interrogeait sur le rôle de l'imam Abdelbaki Es Satty dans l'éventuelle radicalisation très rapide de plusieurs auteurs des attentats - des enfants d'immigrés marocains - originaires de Ripoll, paisible localité catalane de 10.000 habitants à quelque 700 mètres d'altitude au pied des Pyrénées. Le domicile de l'homme, qui a disparu depuis mardi et dont on ignore encore s'il fait partie des victimes de l'explosion de la maison à Alcanar, a une nouvelle fois été perquisitionné samedi à l'aube, selon Nourddem, son colocataire, qui a assisté à l'opération de police. Depuis le mois de juin, ses voisins avaient commencé à repérer des allers-retours suspects autour de ce lieu. 

Selon les informations d'Europe 1, l'homme d'une quarantaine d'années, soupçonné d'être le cerveau de la cellule, est né au Maroc. Il portait la barbe, vivait dans un petit deux-pièces du centre-ville, adossé au monastère, et donnait des cours d'arabe aux enfants. Condamné à quatre ans de prison pour trafic de drogues, il avait été libéré en 2012. D'après des sources citées par le quotidien El Pais, cet imam aurait pu côtoyer, en détention, des hommes condamnés pour l'attentat de la gare d'Atocha, le plus meurtrier commis sur le sol espagnol, le 11 mars 2004. 

Dans cette maison, les investigations progressent très lentement à cause des nombreuses bouteilles de gaz qui s’y trouvent : au moins 120, destinées à la préparation "d'un ou plusieurs attentats dans la ville de Barcelone", selon le chef de la police de Catalogne. Les investigations ont également montré des traces de l'explosif utilisé traditionnellement par le groupe État islamique. 

Un individu en fuite. Par ailleurs, les policiers recherchaient toujours dimanche Younès A., un Marocain de 22 ans dont la carte bancaire a servi à louer les trois véhicules utilisés par les terroristes. Les enquêteurs le soupçonnent d'être le conducteur de la camionnette qui a fauché des passants sur la Rambla. La police a mis en place un important dispositif de contrôles dans la province de Gérone, où se trouve Ripoll, mais aussi dans le village de Manlleu, où aurait été retrouvé le Kangoo blanc que les enquêteurs cherchaient depuis jeudi. Les policiers surveillent aussi particulièrement le point frontière de la Jonquera, sur la route qui mène à Perpignan. 

Dimanche, le chef de la police de Catalogne a reconnu lui-même que les enquêteurs ne disposaient pas d'une piste privilégiée pour retrouver cet homme. "Si je savais qu'il est en Espagne et où, nous irions le chercher. Nous ne savons pas où il est", a déclaré Josep Lluis Trapero.

Quatre suspects en garde à vue. Au moins quatre suspects se trouvaient en outre toujours en garde à vue dimanche. En Espagne, en matière de terrorisme, la procédure peut durer jusqu'à cinq jours.

La "cellule" mise au jour serait donc composée des cinq auteurs de l'attaque de Cambrils, qui s'est produite huit heures après celle de Barcelone, tous abattus; d'une personne tuée dans l'explosion accidentelle de gaz de la maison d'Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone; d'une deuxième, qui pourrait aussi avoir péri; des quatre personnes interrogées et de l'homme encore recherché.

Enquête sur un possible 15ème mort. Par ailleurs, la police examinait dimanche le cadavre d'un homme retrouvé dans sa voiture qui avait forcé un contrôle de police, afin de déterminer s'il était lui aussi mort dans les attentats, ce qui porterait alors à quinze le nombre de personnes tuées.

Trois heures après le drame sur la Rambla, une Ford Focus avait échappé à un contrôle de police avant de réapparaître près de Barcelone, à Sant Just Desvern. Son propriétaire, Pau Pérez Villan, 34 ans, résidant à Vilafranca del Penedès, a été retrouvé mort à l'intérieur, blessé à l'arme blanche, a confirmé à l'AFP la mairie de cette localité située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Barcelone.

En reconstituant les faits, le chef de la police de Catalogne a expliqué que le véhicule avait d'abord forcé le contrôle, blessant une policière. Les agents avaient alors ouvert le feu et, peu après, quelqu'un avait été aperçu partant en courant. Les policiers ont d'abord cru que Pau Pérez Villan avait était tué par un de leurs tirs, mais l'autopsie a révélé que son corps n'avait "aucun impact de balle", a déclaré Josep Lluis Trapero avant de préciser que la police cherche à savoir qui conduisait le véhicule au moment où il a forcé le barrage de police.