Attentats de Bruxelles : qu'est devenu Fayçal Cheffou, "l’homme au chapeau" ?

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Fayçal Cheffou a été la cible d'un harcèlement médiatique, qui l'a conduit à la paranoïa et la dépression. © Youtube / AFP
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M.Be , modifié à
Fayçal Cheffou, un temps considéré comme "l’homme au chapeau" des attentats de Bruxelles, a raconté à franceinfo sa lente descente aux enfers depuis deux ans.

Il a été pris pour "l’homme au chapeau", le seul terroriste survivant du commando des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016. Fayçal Cheffou a raconté à franceinfo le calvaire qu’il a vécu depuis son interpellation il y a deux ans : garde à vue musclée, détention, harcèlement médiatique, dépression. Même les aveux de Mohamed Abrini, le véritable "homme au chapeau" de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, n’y ont rien changé. "Imaginez un peu ce que c'est d'être un type normal et de devenir en quelques secondes l'ennemi public n°1", dit-il à franceinfo.  

Fayçal Cheffou est interpellé par la police belge le 24 mars 2016, deux jours après les attentats de Bruxelles. "Sur le trottoir, des policiers avec des gilets pare-balles nous braquent avec leurs mitraillettes. On s'est retrouvé au milieu d'une scène de guerre", raconte-il à franceinfo. Fayçal Cheffou est emmené au siège de la police judiciaire fédérale : ses vêtements sont passés au peigne fin, ses empreintes et ADN relevés. "J'avais une salopette avec des rayures orange. Je me suis dit : 'Ça y est Fayçal, t'es à Guantanamo'", se souvient-il encore.

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Fayçal Cheffou a été pris pour "l'homme au chapeau", à droite, qui était en fait Mohamed Abrini.

Les enquêteurs sontpersuadés que Fayçal Cheffou est "l’homme au chapeau", que l’on aperçoit sur les images de vidéosurveillance de l’aéroport de Bruxelles. Deux éléments les mettent sur la piste du journaliste indépendant : le jour des attentats, il est vu près de la station Maelbeek, où une bombe a explosé, et il porte un bonnet noir. Un chauffeur de taxi le reconnait même formellement.

Fayçal Cheffou est inculpé le jour même pour "assassinats terroristes" et "participation à l’activité d’un groupe terroriste". Son avocat, Olivier Martins, demande une comparaison des empreintes de son client avec celles laissées par "l'homme au chapeau" sur le chariot à bagages de l’aéroport. Deux jours plus tard, Fayçal Cheffou est libéré : les empreintes ne correspondent pas. Peu de temps après, les enquêteurs arrêtent six personnes, dont Mohamed Abrini qui reconnaît être le véritable "homme au chapeau".  

Mais le cauchemar ne s'arrête pas pour Fayçal Cheffou. Des médias du monde entier se mettent à sa recherche : "J’étais sur toutes les chaînes, jusqu’à CNN. J’ai commencé à devenir fou", confie-t-il à franceinfo.

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Des médias attendaient Fayçal Cheffou en bas de chez lui. ©NICOLAS MAETERLINCK / BELGA / AFP

Désormais, le trentenaire est devenu paranoïaque. Il n’a pas repris de travail et vit avec 800 euros par mois, assure-t-il. "Comme me l'a déjà dit un policier, moi, je suis un dommage collatéral", se désole-t-il auprès de franceinfo. Malgré les aveux de Mohamed Abrini en avril 2016, Fayçal Cheffou reste inculpé dans l’enquête sur les attentats de Bruxelles. D’après une source judiciaire à franceinfo, il s’agit d’une "question de procédure" et Fayçal Cheffou devrait bénéficier d’un non-lieu, à la fin de l’enquête sur les attentats de Bruxelles.