Arrestation de Félicien Kabuga : "une nouvelle exceptionnelle" pour les victimes

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Alain Gauthier est le président du collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) © BERTRAND GUAY / AFP
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Guillaume Biet, édité par Tiffany Fillon
Au micro d'Europe 1, Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda, s'est réjouit de l'arrestation de Félicien Kabuga, soupçonné d'avoir participé au financement du génocide rwandais. "Pour lui, sa cavale est finie", a-t-il affirmé, soulagé. 
INTERVIEW

Accusé d'avoir financé le génocide rwandais, Félicien Kabuga, âgé de 84 ans, a été arrêté samedi matin près de Paris après vingt-six ans de cavale, ouvrant la voie à un procès devant la justice internationale. Au micro d'Europe 1, Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda, a réagi à cette annonce, qu'il considère comme "une nouvelle exceptionnelle". 

"L'arrestation de Félicien Kabuga, le financier du génocide, est pour nous une nouvelle exceptionnelle", explique-t-il. Car après tant d'années de cavale, Alain Gauthier commençait à désespérer. "Je ne croyais plus qu'on arriverait à le retrouver. Cela faisait 26 ans qu'il était en cavale", affirme-t-il. Même si, selon Alain Gauthier, il se "savait que Félicien Kabuga avait de la famille en France" notamment ses filles, il était "résigné". 

Alain Gauthier le pensait en exil, notamment au "Kenya" et "un peu partout", bénéficiant de "la protection d'hommes politiques importants et de présidents importants". Réfugié en Suisse en juillet 1994 avant d'être expulsé, Félicien Kabuga avait ensuite temporairement rejoint Kinshasa. Il avait été signalé en juillet 1997 à Nairobi, où il avait échappé à une opération destinée à l'arrêter, puis à une autre en 2003, selon l'ONG spécialisée TRIAL.

Bientôt face à la justice 

"Pour lui, sa cavale est finie. J’espère maintenant qu’il pourra rendre des comptes à la justice", espère Alain Gauthier. 

Félicien Kabuga est notamment accusé d'avoir créé les milices Interahamwe, principaux bras armés du génocide de 1994 qui fit 800.000 morts selon l'ONU. Il doit désormais être rapidement présenté au parquet de Nanterre en vue de son incarcération, puis au parquet général de Paris dans les prochains jours. S'en suivra une procédure d'extradition devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, qui décidera de sa remise au Mécanisme international à la Haye, pour qu'il y soit jugé.