Aïssata Tall Sall sénégal 1:34
  • Copié
William Molinié, édité par Juliette Moreau Alvarez , modifié à
En demandant aux pays africains de se positionner dans le conflit ukrainien en étant solidaires à l'Europe, la France a tâché ses relations avec de nombreux pays qui y voient une ingérence française. Du côté du Sénégal, qui a pourtant de bonnes relations avec Paris, l'appel à la "solidarité" n'a pas été bien reçu.

Autre front pour la diplomatie française après celui de la guerre en Ukraine, l’influence russe grandissante en Afrique. Il y a deux semaines, sur les 54 pays africains, seulement 26 ont voté en faveur de la résolution de l’ONU condamnant l’annexion des quatre régions ukrainiennes par la Russie. Près de la moitié des pays africains revendiquent un non alignement dans ce conflit. Au forum de Dakar, au Sénégal, carrefour de la sécurité et de la défense qui s’achève ce mardi soir, la France demande au continent d’aider l’Europe et de la rejoindre à ses côtés dans le concert des nations.

"La diplomatie, c'est la souveraineté"

Si la France en appelle à la solidarité des pays africains, cette demande n’a pas été vraiment bien reçue : du point de vue africain, c'est au mieux une maladresse, au pire une ingérence. Ce qui est certain, c’est que ça a crispé jusque chez le pays hôte, pourtant encore un des rares "amis de la France" dans la sous-région.

Aïssata Tall Sall, la ministre des Affaires étrangères du Sénégal, exige au micro Europe 1 le respect de la souveraineté de son pays. "Je ne peux pas accepter qu'on dise que la position du Sénégal est une position ambiguë. Est-ce qu'on demande à une quelconque puissance de justifier sa position ? Jamais", lance-t-elle fermement. "Pourquoi devrait-on demander aux États africains, quand ils prennent une position, de la justifier ? La diplomatie, c'est la souveraineté par excellence."

La diplomatie française se veut moins arrogante et plus discrète pour éviter d’alimenter le sentiment antifrançais. En coulisses, une source française explique. "Évidemment qu’on ne dicte pas leur vote. On respecte leur souveraineté. Mais il faut que les pays africains comprennent qu’on a aujourd’hui besoin de leur aide." Comme un renvoi d’ascenseur, quasi impossible, à l’heure où les chefs d’État africains sont contestés jusque dans leurs propres opinions publiques dès lors qu’ils affichent une trop grande proximité avec Paris.