Les manifestations, comme ici jeudi à Algers, se poursuivent en Algérie. 1:11
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avec Nour Chahine et AFP , modifié à
Pour le troisième vendredi consécutif, une marée humaine a défilé dans les rues d'Alger pour protester contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika. 

Des milliers de personnes se sont rassemblées à nouveau vendredi dans le centre d'Alger, scandant des slogans hostiles à la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un 5ème mandat.

Marée humaine. Des flots d'hommes et de femmes, brandissant ou drapés dans des drapeaux algériens, ont convergé à la mi-journée vers la place de la Grande-Poste, bâtiment emblématique du cœur d'Alger, rejoignant les milliers de personnes qui y étaient déjà présentes, à l'issue de la grande prière musulmane hebdomadaire. La mobilisation, immense et difficile à évaluer, était largement supérieure à celle des manifestations des deux derniers vendredi à Alger, pourtant déjà impressionnantes. 

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Depuis les balcons aussi, les Algériens se sont mobilisés vendredi. ©RYAD KRAMDI / AFP

Les femmes au rendez-vous. "Pas de 5ème mandat, eh Bouteflika !", ont chanté les manifestants. De nombreux automobilistes ont circulé klaxon ouvert, mode de contestation récemment apparu à Alger, et des riverains ont accroché à leur balcon des drapeaux algériens. Les manifestations coïncidaient avec la célébration du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, et nombre d'entre elles figuraient parmi les manifestants de tous âges qui défilaient dans le calme. "Ils ont les millions, nous sommes des millions", indiquait ainsi une pancarte brandie par une femme dans le cortège.

Des heurts en fin de parcours. Initialement présents en nombre, les policiers se sont contentés d'observer, avant que plusieurs camionnettes de police, submergées au milieu de la foule, ne commencent à évacuer la place. D'après notre correspondant sur place, du gaz lacrymogène a commencé à être utilisé en fin d'après-midi pour disperser la foule, et notamment les quelques casseurs qui tentaient de forcer le barrage de la rue menant au Palais présidentiel.

195 arrestations, 112 policiers blessés. Alors que la nuit tombait et que le cortège s'était dispersé sans incident, des heurts ont opposé ces groupes de jeunes aux policiers. "A la fin de cette journée du vendredi 8 mars 2019 (...) un nombre important de délinquants s'est manifesté dans le but de commettre des actes de saccage et de vandalisme", a indiqué la Direction générale la Sûreté nationale (DGSN) qui chapeaute les services de la police algérienne. La police a ainsi annoncé avoir arrêté 195 personnes à Alger après ces heurts, qui ont fait 112 blessés dans les rangs des forces de l'ordre.

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©RYAD KRAMDI / AFP

Manifestations dans d'autres villes du pays. Comme les deux vendredi précédents, les manifestants avaient pourtant défilé pacifiquement et sans incident notable, avant qu'éclatent ces heurts une fois le cortège dispersé, comme les semaines passées. D'autres manifestations, également pacifiques, se déroulaient ailleurs vendredi dans le pays, notamment à Oran et Constantine, deuxième et troisième villes d'Algérie, selon le site d'information TSA (Tous sur l'Algérie). Les Algériens n'ont semble-t-il pas été impressionnés par le message que leur a adressé jeudi Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, hospitalisé en Suisse depuis plus de dix jours et dont le retour au pays n'a toujours pas été annoncé.