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Charles Guyard, édité par Ophélie Artaud
Cette semaine, la France accueillait le Congrès international des horticulteurs, où étaient notamment présents des scientifiques venus d'Afrique. L'occasion pour la France, touchée par une sécheresse historique depuis plusieurs semaines, de s'intéresser aux méthodes utilisées sur ce continent pour continuer de cultiver malgré le changement climatique.

Alors qu'une sécheresse historique touche le pays, la France accueillait cette semaine le Congrès international des horticulteurs, le plus grand événement mondial consacré au végétal spécialisé, de l'ornement aux fruits et légumes en passant par les semences. Près de 2.000 scientifiques réunis à Angers ont notamment débattu de la gestion de l'eau. L'occasion de s'intéresser à l'Afrique et à la manière dont ce continent adapte son modèle agricole aux bouleversements climatiques. La France, et plus globalement l'Occident, ont peut-être des leçons à en tirer.

"En Afrique, si on a pu anticiper tout ça, c'est parce qu'on est resté sur des cultures traditionnelles"

"L'Afrique vit ces épisodes climatiques depuis des années." Ces épisodes climatiques, ce sont les grandes chaleurs et les sécheresses extrêmes avec lesquelles le continent doit composer. "En Afrique, si on a pu anticiper tout ça, c'est parce qu'on est resté sur des cultures traditionnelles. Il y a moins de difficultés à adapter une espèce locale qu'à le faire pour des espèces importées. Quand nous n'avons pas assez d'eau, on va favoriser la culture non pas du riz, mais d'autres céréales, par exemple", explique Moctar Fall, dirigeant Afrique de la Société internationale des sciences horticoles.

 

Pour cela, il faut repenser les modèles agricoles dans les pays du Nord où la production est d'abord régie par les lois du marché global. Une hérésie pour Pierre Raji, professeur d'université à Lomé, au Togo. "L'Occident avance trop rapidement et oublie les fondamentaux : cultiver pour vivre et penser aux générations futures, et non pour toujours vendre. De quoi la France a-t-elle besoin pour vivre ? C'est comme ça qu'il faut se poser la question. On veut exporter alors que ce qu'on veut exporter, on en a besoin localement", insiste-t-il.

Alors, l'Occident est-il prêt à sortir d'une logique intensive ? Est-ce opportun, alors qu'il faut nourrir toujours plus de monde ? A-t-on encore le choix face à l'épuisement des ressources en eau ? Au-delà des schémas agricoles, c'est un nouveau modèle de société que peut inspirer l'Afrique. "Quoi qu'on dise l'avenir de nos États se trouvent encore dans la terre", concluent-ils.