Afghanes interdites dans les ONG : une sixième association suspend ses activités

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Les femmes afghanes n'ont plus le droit de travailler pour des ONG en Afghanistan (Illustration). © Wakil KOHSAR / AFP
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avec AFP , modifié à
Après quatre autres ONG, deux nouvelles associations, Christian Aid et ActionAid, ont indiqué à leur tour lundi qu'elles suspendaient leurs activités en Afghanistan, où le gouvernement interdit désormais aux femmes afghanes de travailler dans l'humanitaire. Paris a dénoncé "l'obscurantisme" des talibans.

Deux nouvelles ONG, Christian Aid et ActionAid, ont annoncé lundi suspendre leurs activités en Afghanistan après l'interdiction par les talibans du travail des femmes dans l'humanitaire, portant à six le nombre d'organisations ayant fait une telle annonce. "ActionAid a pris la difficile décision d'arrêter temporairement la plupart de ses programmes en Afghanistan" jusqu'à ce que la situation se clarifie, a annoncé l'ONG dans un communiqué, espérant pouvoir revenir sur cette mesure "dès que possible".

Paris dénonce "l'obscurantisme" des talibans

La France a dénoncé lundi "l'obscurantisme" des talibans après la décision du pouvoir afghan d'interdire aux femmes de travailler dans des ONG, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. "Cette nouvelle interdiction contre les femmes (...) manifeste, une fois encore (...) l'obscurantisme des talibans", a précisé le Quai d'Orsay. "Cet acharnement à leur encontre est intolérable".

Déplorant "l'érosion graduelle" des droits des femmes dans le pays, l'ONG, avec qui travaillent 97 femmes dans le pays, a dénoncé les "conséquences dévastatrices" de cette décision des talibans. "Les femmes sont essentielles à toute opération d'aide humanitaire", d'autant plus en Afghanistan où "seules les femmes peuvent interagir avec des femmes".

La moitié des habitants ont besoin d'aide humanitaire

Selon les Nations Unies et les agences d'aide, plus de la moitié des 38 millions d'habitants du pays ont besoin d'une assistance humanitaire pendant l'hiver rigoureux. De son côté, Christian Aid a indiqué qu'elle cherchait "rapidement à avoir des clarifications" quant à cette annonce des talibans et "exhorte les autorités à revenir sur cette interdiction", a déclaré dans un communiqué Ray Hasan, responsable de l'ONG pour cette région du monde.

En attendant, "nous interrompons malheureusement le travail de nos programmes", a-t-il déclaré. "Interdire aux femmes de travailler dans l'humanitaire ne fera que réduire notre capacité à aider le nombre croissant de personnes dans le besoin, et risque d'aggraver la terrible crise humanitaire à laquelle les femmes et les jeunes filles sont confrontées", a-t-il ajouté.

"En outre, cette décision va profondément perturber les familles qui dépendent des revenus des travailleuses humanitaires dans le contexte de la grave crise économique que traverse l'Afghanistan", a-t-il poursuivi.

"Des millions de personnes au bord de la famine"

Le responsable de Christian Aid souligne que "des millions de personnes" sont "au bord de la famine" dans le pays, au point qu'il a été rapporté que des familles "sont si désespérées qu'elles ont été contraintes de vendre leurs enfants pour acheter de la nourriture". Dimanche, trois ONG - Save the Children, le Conseil norvégien pour les réfugiés et CARE International - ont annoncé conjointement la suspension de leurs activités, avant d'être rejointes par une quatrième, le Comité international de secours (IRC).

Le ministère afghan de l'Economie a ordonné samedi à toutes les organisations non gouvernementales de cesser d'employer des femmes sous peine de suspendre leur licence d'exploitation. Il n'a pas été précisé si la directive concernait le personnel féminin étranger des ONG.

Le ministère a expliqué avoir pris cette décision après avoir reçu des "plaintes sérieuses" au sujet du non-respect du port du "hijab islamique" imposé dans le pays. Revenus au pouvoir en août 2021, les talibans ont interdit il y a moins d'une semaine aux femmes de fréquenter les universités publiques et privées, pour les mêmes raisons. Ils les avaient déjà exclues des écoles secondaires.