Abus contre les migrants en Libye : Amnesty accuse l'Europe de "complicité"

"Les gouvernements européens doivent repenser leur coopération avec la Libye en matière d'immigration", estime Amnesty. Image d'illustration.
"Les gouvernements européens doivent repenser leur coopération avec la Libye en matière d'immigration", estime Amnesty. Image d'illustration. © MAHMUD TURKIA / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans un rapport publié mardi, l'ONG accuse l'UE de soutenir "un système sophistiqué d'abus et d'exploitation des réfugiés et des migrants" de la part des garde-côtes. 

Amnesty International a accusé mardi les gouvernements européens de complicité dans la détention des migrants dans des conditions épouvantables en Libye, leur reprochant notamment leur aide aux garde-côtes libyens impliqués, affirme l'organisation dans un rapport, dans le trafic d'êtres humains.

"Un système sophistiqué d'abus". "Les gouvernements européens sont sciemment complices de la torture et des abus endurés par des dizaines de milliers de réfugiés et de migrants détenus par les autorités libyennes de l'immigration dans des conditions épouvantables en Libye", a indiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme. Amnesty accuse les Européens de soutenir "un système sophistiqué d'abus et d'exploitation des réfugiés et des migrants" de la part des garde-côtes, des responsables des centres de détention et des trafiquants, avec pour seul souci d'empêcher les migrants de traverser la Méditerranée.

"Sévices systématiques". "Des dizaines de milliers de personnes sont détenues indéfiniment dans des centres de détention surpeuplés où elles subissent des sévices systématiques", a déclaré John Dalhuisen, directeur d'AI pour l'Europe. "Les gouvernements européens ne sont pas seulement pleinement au courant de ces abus, mais (...) ils en sont complices", a-t-il ajouté.

"Mettre fin aux arrestations arbitraires". "Les gouvernements européens doivent repenser leur coopération avec la Libye en matière d'immigration et permettre aux personnes de se rendre en Europe par les voies légales, notamment en réinstallant des dizaines de milliers de réfugiés", a-t-il dit. Ils "doivent insister pour que les autorités libyennes mettent fin (...) aux arrestations arbitraires et à la détention de réfugiés et de migrants", a ajouté John Dalhuisen, appelant à la libération "immédiate" de tous les ressortissants étrangers détenus dans les centres de détention en Libye.

"20.000 personnes confinées". Selon AI, les gouvernements européens ont aussi fourni à la Libye leur assistance au Département de lutte contre l'immigration clandestine qui gère les centres de détention en Libye, et ont formé et fourni des équipements aux garde-côtes libyens pour qu'ils interceptent les migrants en mer. "Les réfugiés et les migrants interceptés par les garde-côtes libyens sont envoyés dans des centres de détention où ils subissent des traitements horribles". "Jusqu'à présent, 20.000 personnes restent confinées dans ces centres de détention surpeuplés et insalubres", selon Amnesty.