A Saint-Malo, les pêcheurs inquiets des négociations avec le Royaume-Uni

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Depuis le 1er novembre, le Wouelga n'est pas sorti du port de Saint-Malo. © Sameer Al-DOUMY / AFP
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Sandrine Prioul
Dans le port de Saint-Malo, certains bateaux ne sortent plus faute de détenir l'aval des autorités britanniques les autorisant à pêcher dans les eaux de l'île de Jersey. C'est le cas du "Wouelga", un bateau qui pêche des Saint-Jacques. Son équipage est très inquiet. Reportage.
REPORTAGE

Quand est-ce que Paris, Bruxelles et Londres trouveront un accord sur la pêche ? C'est la question qui taraude les pêcheurs du port de Saint-Malo. Les discussions diplomatiques qui ont démarré jeudi doivent permettre à plusieurs dizaines de petits bateaux français qui pêchaient en partie dans les eaux britanniques et notamment près des îles anglo-normandes de retrouver leur activité perdue. A Saint-Malo, c’est le cas du "Wouelga", un petit navire de pêche à la coquille Saint-Jacques. Ses propriétaires avaient décidé il y a deux ans de faire de la pêche à la main en plongée. Leur activité, pourtant en plein essor, durable et responsable est menacée par les atermoiements des britanniques.

"Qu'ils nous laissent travailler !"

Depuis le 1er novembre, le bateau n'est pas sorti une seule fois du port de Saint-Malo. Fini, donc, les 200 kilos de coquilles Saint-Jacques que le bateau pêchait quotidiennement. "Qu'ils nous laissent travailler ! Là, ça part en sucette. On pensait qu'en onze mois, on allait trouver une solution mais là, on arrive aux derniers espoirs. On travaille dans les eaux de Jersey mais on est pas du tout en train de jouer des coudes. Il n'y a pas de concurrence sur l'eau"", explique Pierre, l'un des matelots.

La pêche artisanale est la première victime des décisions britanniques, qui considèrent que le "Wouelga" et d'autres petits navires de moins de douze mètres ne peuvent pas justifier informatiquement qu'ils pêchaient dans les eaux de Jersey avant le Brexit. "Tout le travail qu'on a accompli, la création de la société... On se retrouve complètement démunis, on a plus les cartes en main. On mise tout sur les dernières négociations et on croise les doigts", explique Julien, un autre matelot du Wouelga.

Ces négociations, les pêcheurs ne veulent pas les voir se transformer en un bras de fer perdant-perdant, car 80% des débouchés halieutiques des Anglais transitent par la France.