"Vous vivez à New York et moi je vis en Syrie"

Lors de cette conférence, prélude aux négociations entre les seules délégations syriennes dès vendredi à Genève, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a rappelé à tous l'enjeu de la rencontre, synonyme "d'espoir" après trois ans d'affrontements meurtriers.
Lors de cette conférence, prélude aux négociations entre les seules délégations syriennes dès vendredi à Genève, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a rappelé à tous l'enjeu de la rencontre, synonyme "d'espoir" après trois ans d'affrontements meurtriers. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences
PASSE D'ARMES - La conférence de Genève II a démarré dans un climat très hostile entre les délégations.

L'INFO. Cette première journée n'aura été qu'une suite d'invectives. La première rencontre en Suisse entre dignitaires du régime syrien et opposants en exil a en effet été marquée mercredi par une guerre des mots et par l'impossibilité de se mettre d'accord sur le sort de Bachar al-Assad. "Rhétorique incendiaire", "élucubrations agressives", accusations de "trahison", dixit les délégations. Et du côté syrien, il n'y a pas eu de signes d'une volonté de compromis de nature à être optimiste.

"Trop c'est trop !". Lors de cette conférence, prélude aux négociations entre les seules délégations syriennes dès vendredi à Genève, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a rappelé à tous l'enjeu de la rencontre, synonyme "d'espoir" après trois ans d'affrontements meurtriers. "Notre but était d'envoyer un message aux deux délégations syriennes et au peuple syrien pour dire que le monde veut une fin immédiate du conflit", a déclaré le patron de l'ONU. "Trop, c'est trop, il est temps de négocier", a-t-il martelé. "Tous les Syriens ont les regards tournés vers vous aujourd'hui", a-t-il rappelé devant les deux délégations syriennes qui se faisaient face, à quelques mètres de distance.

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Le patron de l'ONU tente d'interrompre le ministre syrien. Illustration des tensions persistantes, un vif accrochage a eu lieu entre le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le chef de la délégation syrienne, le ministre des Affaires étrangères Walid al Mouallem, au moment où le premier tentait de couper la parole au second. Le chef de la Diplomatie syrienne parlait depuis une vingtaine de minutes, deux fois plus que les dix minutes de temps de parole imparti, lorsque Ban Ki-Moon l'a interrompu pour lui demander d'en venir à sa conclusion. Peine perdue. "Vous avez parlé pendant 25 minutes", a répliqué Walid Mouallem. "J'ai passé douze heures dans un avion pour venir ici, j'ai besoin de quelques minutes encore pour terminer mon discours",  a-t-il réclamé.

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Il épingle les états du Golfe. "Ne pouvez-vous pas le conclure en une ou deux minutes ?", lui a alors demandé Ban Ki-Moon. "Non, je ne peux pas vous le promettre. Je dois finir mon discours", a répondu Walid Mouallem. Le chef de la délégation syrienne, qui a accusé les insurgés d'"éventrer les femmes enceintes et de les violer, vivantes ou déjà mortes", a également prévenu que seuls les Syriens pouvaient choisir leur dirigeant et dénoncé les Etats arabes du Golfe qui, a-t-il accusé, "ont exporté des monstres à forme humaine abreuvés de l'odieuse idéologie wahhabite".

"Moi je vis en Syrie". Ban Ki-moon l'ayant prévenu qu'il devrait accorder plus de temps aux autres intervenants s'il ne concluait pas son intervention, Walid Mouallem a raillé : "Vous vivez à New York, moi, je vis en Syrie. J'ai le droit de livrer dans cette salle la version syrienne. C'est mon droit", a répondu Walid Mouallem. Après ce discours, Washington a fustigé une "rhétorique incendiaire" tandis que Paris dénonçait les "élucubrations longues et agressives" du ministre syrien. Les négociations de vendredi à Genève s'annoncent particulièrement houleuses.

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