Sirènes retentissantes, voitures arrêtées au milieu de la chaussée et passants figés sur les trottoirs: lundi à 17h, les habitants de Varsovie ont célébré le 67ème anniversaire de l'Insurrection qui éclata le 1er août 1944 contre l'occupant allemand, une des pages les plus sanglantes de l'histoire de la Pologne.
Les Varsoviens ont observé une minute de silence appelée "W", celle où 30.000 résistants sont passés à l'attaque simultanément dans différents quartiers de la capitale.
Dix minutes auparavant, un avion militaire Hercules C-130 avait survolé le centre de la ville, larguant des milliers de tracts appelant les passants à commémorer cette insurrection.
"Je pleure parce que je suis d'ici et j'aime énormément ma ville, Varsovie. Beaucoup de mes proches sont tombés sous les balles, c'était atroce", se souvient Krystyna Kondziak, 78 ans.
En 1944, les chefs de l'armée AK, la résistance polonaise dépendante de Londres, espéraient libérer Varsovie des mains des nazis avant l'arrivée de l'Armée rouge dans la capitale.
Deux jours avant le début de l'insurrection, les premières unités de l'Armée rouge arrivent dans les banlieues Est de Varsovie, mais s'arrêtent sur la rive orientale de la Vistule. Sur ordre de Staline, les Soviétiques resteront armes aux pieds jusqu'à la fin de l'insurrection.
"On avait une telle soif de liberté, on en avait assez des Allemands, tout le temps des rafles, des exécutions en pleine rue tous les jours, les déportations. Les Russes venaient d'arriver près de la ville (...) C'était le moment. On pensait que l'insurrection durerait trois à quatre jours maximum", se souvient Hanna Bakowska, 90 ans, qui était alors infirmière.
Après 63 jours de combats acharnés, les insurgés ont dû capituler le 2 octobre. Environ 18.000 combattants mal armés ont péri, de même que 17.000 soldats allemands.
Au total 200.000 civils ont été massacrés et les 500.000 survivants ont été déportés de la cité qui fut ensuite systématiquement détruite sur l'ordre d'Hitler.