Syrie : la menace des armes chimiques

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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Un responsable américain parle de "plusieurs indices" concordants, et évoque du gaz sarin.

• L'info. Mois après mois le conflit s'enlise et l'ONU a annoncé lundi qu'elle suspendait ses opérations en raison de la dégradation de la sécurité en Syrie. Mais ce qui inquiète au plus haut point la communauté internationale est l'assemblage de précurseurs chimiques nécessaires à la militarisation d'armes chimiques, vraisemblablement du gaz sarin, selon un responsable américain sous couvert d'anonymat. "Plusieurs indices nous laissent penser qu'ils sont en train de mélanger des précurseurs chimiques", a-t-il expliqué lundi.

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• Qu'est-ce-que le gaz sarin ? Il s'agit d'un puissant neurotoxique qui provoque une paralysie complète puis la mort. Ses précurseurs chimiques sont en général stockés séparément pour éviter tout accident. Le fait de les mélanger peut donc constituer une étape vers la militarisation du gaz qu'il suffit ensuite de placer dans un missile, un obus ou une bombe. Selon un responsable anonyme cité par le blog spécialisé Danger Room, les Syriens "en sont au point où il suffit de le charger à bord d'un avion et de le larguer" mais les quantités de précurseurs mélangés sont "modestes".

Ce gaz est tristement célèbre. La secte japonaise Aum Vérité suprême l'avait utilisé lors d'un attentat dans le métro de Tokyo le 20 mars 1993, faisant 13 morts et intoxiquant plus de 6.000 voyageurs.

• Quel arsenal chimique en Syrie ? Il existe depuis plusieurs décennies et comprend notamment de l'hypérite (gaz moutarde), du sarin et du VX. Les stocks syriens sont de l'ordre de "centaines de tonnes" d'agents chimiques divers, selon Leonard Spector, expert au centre d'études sur la non-prolifération à l'Institut Monterey aux Etats-Unis. Les données publiques sont rares car la Syrie est l'un des rares pays à ne pas avoir signé la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et n'est donc pas membre de l'Organisation chargée de contrôler son application, l'OIAC.

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• Comment a réagi la communauté internationale ? Elle a mis en garde Damas depuis de nombreux mois contre le recours à des armes chimiques, considérées comme des armes de destruction massive. Mais la question est redevenue au centre des préoccupations occidentales ces derniers jours. "Nous sommes inquiets à l'idée qu'un régime de plus en plus assiégé (...) réfléchisse à l'utilisation d'armes chimiques contre les Syriens", a déclaré lundi le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney. Une "task force" d'environ 150 militaires américains, essentiellement des forces spéciales, se trouve déjà depuis plusieurs mois en Jordanie prête à agir si le régime syrien perdait le contrôle de ses armes chimiques.

Le président des Etats-Unis Barack Obama a lui-même haussé le ton lundi contre une utilisation qui serait, selon lui, une "erreur tragique". "Aujourd'hui, je veux dire très clairement à Assad et à ceux qui obéissent à ses ordres que le monde entier (vous) observe. Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable", a-t-il martelé lors d'une allocution à Washington. "Si vous commettez l'erreur tragique d'utiliser ces armes, il y aura des conséquences et vous en répondrez. Nous ne pouvons pas permettre que le XXIe siècle soit assombri par les pires armes du XXe siècle", a jouté le président américain.

• Qu'en dit Damas ? Plus tôt lundi, le régime de Damas a affirmé qu'il ne ferait pas usage d'armes chimiques contre son peuple en réagissant à un "avertissement sévère" lancé par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton à la Syrie.