Snowden a-t-il intérêt à venir en France ?

Les portes se ferment les unes après les autres pour l'Américain Edward Snowden.
Les portes se ferment les unes après les autres pour l'Américain Edward Snowden.
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ZOOM - Dans l’Hexagone, il serait à l’abri d’une extradition. Mais encore faut-il obtenir l’asile.

Si Edward Snowden, l’ex-consultant de la NSA recherché par Washington et à la recherche d'un pays d'accueil, finit par trouver refuge en France, il y trouvera trois choses selon la chaîne CNN : "culture, campagne et fromage". A condition, bien sûr, de supporter les Français. Mais pour Edward Snowden, cela tombe plutôt bien : à en croire la chaîne, "les Français ont la réputation d’être impolis avec les étrangers, sauf si ceux-ci tentent d’échapper à la justice". L’informaticien recherché par Washington aurait-il donc intérêt à miser sur la France ? Éléments de réponse.

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Il a de moins en moins d'options. Pour l’informaticien à l’origine des révélations fracassantes sur le programme américain de surveillance mondiale, les choix de destinations sont de moins en moins nombreux. Edward Snowden a déposé des demandes d’asile politique dans 21 pays, dont l’Islande, l'Équateur, Cuba, le Venezuela, le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Allemagne, l’Espagne et la France. Mais les portes se referment les unes après les autres. Le Kremlin a annoncé qu’il avait fini par renoncer à sa demande en Russie. L’Inde a rejeté sa requête, tout comme le Brésil et la Pologne. L’Espagne, de son côté, la juge non valide. Quant à Rafel Correa, le président équatorien, il a fait machine arrière en affirmant : cela a été "une erreur de notre part" de permettre à Edward Snowden de quitter Hong Kong pour l’aéroport de Moscou, où il se trouve toujours.

> CARTE : Les réponses des 21 pays

Certains sont prêts à lui dérouler le tapis rouge. En France, on assure ne pas avoir encore reçu de demande de la part de celui qui est recherché par Washington pour espionnage. Mais dans la classe politique hexagonale, certains sont déjà prêts à l’accueillir à bras ouverts. Edward Snowden a même réussi le tour de force de mettre d’accord le patron du front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, et la présidente du FN, Marine Le Pen. Le premier a demandé "que la France accorde l’asile politique" à ce "bienfaiteur de l’Europe qui a permis de démasquer ce complot". Marine Le Pen, elle, s’est demandé : "si on n’accorde pas l’asile politique à Snowden, à qui exactement est-ce qu’on va l’accorder ?". Les Verts aussi ont exhorté François Hollande à accorder l’asile politique au "lanceur d’alerte" américain.

> RÉACTIONS  : En France, Snowden transcende les partis politiques

Une possible décision politique.A en croire le magazine Time, "la France se targue d’être un refuge pour les prisonniers politiques, et offre chaque l’année l’asile à plus de personnes que tout autre pays, en dehors des États-Unis". Dans les faits, c’est un peu plus compliqué. La possibilité de déposer une demande d’asile ne dépend pas du pays d’origine. En revanche, il faut être présent sur le territoire français. Dans le cas d’Edward Snowden, il faudrait donc d’abord faire une demande de visa depuis Moscou. Et les États-Unis étant un pays démocratique, considéré comme "sûr", il semble peu probable que l’informaticien remplisse les conditions définies par la Convention de Genève, souligne Le Monde. Difficile en effet de démontrer qu’Edward Snowden risque des "persécutions" dans son pays d’origine. L’Américain pourrait toutefois relever de ce que l’on appelle l’asile constitutionnel", explique Me Marianne Lagrue, de l’association des avocats intervenant devant la Cour nationale du droit d’asile. Les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur seraient alors consultés et leur réponse serait "évidemment politique", prise en fonction de "motivations diplomatiques".

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© Reuters

Des accords d'extradition "ignorés". S’il parvenait à obtenir l’asile en France, Edward Snowden pourrait alors sans doute souffler. La France a "par le passé ignoré des accords d’extradition" avec les États-Unis, note CNN, citant l’exemple du réalisateur Roman Polanski. Accusé d’avoir commis un viol aux États-Unis en 1977, le réalisateur franco-polonais a bénéficié du soutien de Paris. Sauf que dans ce cas, Roman Polanski doit son salut à sa nationalité française, note le Christian Science Monitor. Plus récemment, un tribunal français a statué contre l’extradition d’un couple d’Américains de Seattle poursuivi notamment pour blanchiment d’argent, rappelle Slate. La raison ? Le couple, souffrant de problèmes de santé, risquait la prison aux États-Unis. Un argument dont Edward Snowden pourrait s’inspirer s’il se retrouvait dans la même situation.