Répression sanglante en Syrie

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avec AFP , modifié à
Des forces de sécurité et des blindés sont entrés à Derra et ont tiré sur les manifestants.

Des centaines de membres des services de sécurité syriens, appuyés par des blindés, ont pénétré lundi matin dans la ville de Deraa, située dans le sud du pays. Des tirs nourris étaient entendus, a indiqué un militant politique sur place. "Les hommes des services de sécurité sont entrés par centaines dans la ville, accompagnés de chars et de blindés", a déclaré l'activiste Abdallah Al-Harriri, au téléphone.

Des chars ont été déployés à Derra :

"Les hommes tirent dans toutes les directions"

"Les hommes tirent dans toutes les directions et avancent derrière les blindés qui les protègent", a-t-il raconté. "L'électricité est coupée et les communications téléphoniques sont presque impossibles", a-t-il ajouté. La contestation contre le régime syrien est née à Deraa où des dizaines de Syriens ont été tués par les services de sécurité. Quatre personnes ont aussi été tuées dimanche par les forces de l'ordre à Jableh, près de Lattaquié, dans le nord-ouest de la Syrie, selon un militant des droits de l'Homme, portant à au moins 352 le nombre de personnes ayant péri depuis le début, le 15 mars. Le nouveau gouverneur de la région s'était rendu en visite dans cette ville où il a rencontré des dignitaires à la mosquée.

C'est après son départ que les forces de l'ordre ont encerclé la ville et ont commencé à tirer, a indiqué ce militant. Peu après, quelque 3.000 habitants de Banias, une ville située à une cinquantaine de kilomètres de Lattaquié, ont organisé en solidarité un bref sit-in sur l'autoroute reliant Lattaquié à Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, basé à Londres. Et selon les dernières informations de lundi, au moins 25 personnes de plus ont été tuées à Deraa, lors d'un pilonnage intensif de la ville.

Plus de 350 morts

Des milliers d'habitants de la province de Deraa, où est né le mouvement de contestation dans le sud du pays, ont par ailleurs enterré dimanche plusieurs victimes de la répression, après la prière. Une manifestation a suivi sans que les forces de sécurité n'interviennent, a indiqué un militant. Les protestataires ont brandi des drapeaux syriens et des pancartes appelant "à la suppression de l'article 8 de la Constitution" sur la suprématie du parti unique Baas, a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat. La majorité des commerces étaient fermés en signe de deuil.

Human Rights Watch a demandé aux Etats-Unis et à l'Union européenne d'imposer des "sanctions" aux dirigeants syriens "responsables du recours à la force pour tuer les protestataires et de la torture de centaines de détenus après le carnage de vendredi". Washington réfléchirait à plusieurs possibilités, "y compris des sanctions, pour réagir à la répression et montrer clairement que ce comportement est inacceptable", a indiqué Tommy Vietor, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.