Réfugiés somaliens : les humanitaires "dépassés"

1.000 réfugiés arrivent chaque jour au camp de Dadaab.
1.000 réfugiés arrivent chaque jour au camp de Dadaab. © Reuters
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avec Julien Pearce et Ariane Lavrilleux , modifié à
TEMOIGNAGE - La situation sanitaire se dégrade, l’afflux de réfugiés se poursuit au Kenya.

La sécheresse dans la région de la Corne de l'Afrique met en danger 12 millions de personnes, alertent les organisations humanitaires. Des milliers de Somaliens sont réfugiés au Kenya pour fuir la famine. Deux membres d’Action contre la Faim et du Haut Commissariat aux Réfugiés ont témoigné jeudi sur Europe 1.

Des enfants "totalement décharnés"

Christina Lionnet, porte parole d'Action contre la Faim, est actuellement à Garbatulla, dans le Centre-Est du Kenya. Les enfants sont les plus touchés, rappelle-t-elle vendredi sur Europe1. Elle s'est rendue auprès d'enfants qui souffrent de malnutrition et décrit des scènes extrêmement difficiles :

"Vous voyez des enfants qui à l’âge de 2 ans, pèsent le poids d’un enfant de 6 mois. Ils sont totalement décharnés", explique-t-elle. "Vous voyez même le cœur battre à travers la peau tellement ces enfants sont frêles et fragiles".

"Ils sont à bout de forces" :

"C’est très très dur à regarder. Mais ce qui est plus frappant encore pour moi, c’est cette impression de voir la vie s’en aller chez ses enfants", poursuit Christina Lionnet. "Ils sont mornes, ils ne bougent plus les yeux, quand vous faites un signe ils ne regardent rien. Ils sont tout simplement à bout de force. On sent qu’ils n’ont plus le goût de la vie, que la mort va les entraîner très rapidement si on ne fait rien."

Au camp de Dadaab, 1.000 réfugiés arrivent chaque jour

Dans le même temps, 400.000 réfugiés de la Corne de l’Afrique sont arrivés au Kenya au cours du dernier mois. Notamment à Dadaab, où se trouve le plus grand camp de réfugiés du monde, à 90 km de la frontière avec la Somalie.

Les femmes et les enfants qui arrivent dans ce camp ont marché pendant près de 3 semaines. Ils arrivent épuisés, sans eau, sans nourriture, puis s’installent dans des tentes en plastique.

Dans ce camp, qui existe depuis près de 20 ans, on est habitué à gérer les situations de crise. Mais cette fois, l’afflux est trop important : il faut accueillir plus de 1.000 nouveaux réfugiés chaque jour.

William Spindler, du Haut Commissariat aux Réfugiés de Dadaab, se dit "dépassé" par la situation : "Ils arrivent fatigués, déshydratés, malades", raconte-t-il vendredi sur Europe 1. "Parfois, ils ont perdu des enfants. On est vraiment dépassés, on a urgemment besoin d’argent pour acheter des médicaments. Il y a trois hôpitaux ici à Dadab, ils ont tous des besoins urgents."

Le HCR indique qu’il manque encore 837 millions d’euros pour fournir une aide suffisante dans la Corne de l’Afrique.