Pourquoi les USA ont-ils donné l'alerte ?

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Didier François , modifié à
Pour les Etats-Unis, il y a un risque d'attentats. Côté européen, la menace n'est pas si précise.

La mise en garde des Etats-Unis contre un risque d’attentats multiples et simultanés en Europe a surpris tous les services de renseignement sur le Vieux contient. En effet, si la menace terroriste est effectivement élevée, et ce depuis le début du mois de septembre, aucune information nouvelle n’est venue la renforcer au cours des derniers jours. En clair, les Américains n’ont fourni ni preuve tangible, ni élément concret permettant de penser qu’une opération contre des capitales européennes soit à un stade avancé de préparation.

Des réactions très diplomatiques

"Il n'y a actuellement aucun indice de menaces immédiates d'attentats qui viseraient l'Allemagne", a déclaré lundi Thomas de Maiziere, ministre allemand de l'Intérieur. "Il n'y a aucune raison d'être alarmiste pour le moment", a-t-il précisé.

Même son de cloche en Italie. "L'alerte terroriste n'a jamais été sous-évaluée", précise le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni. "Elle reste élevée et nos services de sécurité surveillent attentivement la situation en contact avec les services de renseignements des pays européens et des Etats-Unis, mais il n'y a pas de signaux précis de risques ciblés".

En France, c’est Quai d’Orsay qui a répondu, très diplomatiquement, par un communiqué de son porte-parole. "Les indications transmises par les autorités américaine sont bien sûr analysées, recoupées et le cas échéant prises en compte dans notre évaluation nationale de la menace, qui s'appuie toujours sur un ensemble d'éléments", a expliqué Bernard Valéro. "La menace terroriste en France demeurant élevée, le niveau d'alerte est maintenu inchangé, au niveau rouge", a-t-il précisé.

Pourquoi une telle alerte ?

Derrière ces formules particulièrement pesées, se cache une interrogation sur ce qui a pu pousser Washington à rendre publique une alerte déjà transmise au mois d’août, après l’arrestation au Pakistan d’un islamiste d’origine allemande. Ce dernier, détenu sur la base américaine de Bagram, en Afghanistan, avait déclaré à ses interrogateurs de la CIA qu’il envisageait des attentats simultanés dans plusieurs monuments en Europe, dont la tour Eiffel à Paris ou la Tour de la télévision à Berlin.

A ce stade, rien ne permettait toutefois de croire que ce projet avait eu le moindre début de réalisation. Et les services spécialisés européens se sont montrés d’autant plus dubitatifs que le renseignement a été transmis par des voies politiques et non par les canaux habituels de coopération.

Rien de concret n’est venu, depuis, étoffer cette vague menace. Mais en tout début de semaine dernière, un haut responsable du Conseil national de sécurité américain a prévenu ses homologues européens que la presse s’apprêtait à publier des informations émanant de la CIA. Le lendemain, la chaîne de télévision NBC et le quotidien Wall Street Journal révélaient que des frappes américaines contre les chefs d’Al-Qaïda réfugiés dans les zones tribales du Pakistan auraient permis de faire capoter un complot terroriste en Europe. Fuite opportune, quand le gouvernement pakistanais fermait ses frontières aux convois de ravitaillement de l’OTAN vers l’Afghanistan pour protester contre l’intensification des bombardements américains sur son territoire.