PIP : l'organisme certificateur se défend

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avec AFP

L'organisme allemand TÜV charge de certifier les prothèses mammaires PIP se dit victime d'une "fraude extrêmement bien organisée", selon son avocat.

"Lors des audits, tout était maquillé. Une vraie mise en scène ! Sur la chaîne de fabrication, le silicone industriel non conforme était provisoirement remplacé par du gel médical homologué. Le système informatique était trafiqué pour que seules des commandes et factures de matières premières (gel Nusil) conformes apparaissent, comme l'a reconnu lors de l'enquête l'informaticien de PIP. Les bidons de silicone industriel étaient, eux, dissimulés", raconte Me Olivier Gutkès au Figaro daté de jeudi.

"Le plan de l'audit et sa date étaient communiqués à l'avance, comme cela est la règle, afin que le fabricant puisse préparer la documentation nécessaire, que la ligne de production soit en fonctionnement et que les interlocuteurs soient disponibles" poursuit-il en soulignant que "les auditeurs n'ont pas un rôle de gendarmes." TÜV n'a pas eu de soupçons "car la grande majorité des salariés de PIP (97 personnes en mars 2010) savaient qu'une fraude était commise et y ont participé activement en dissimulant tout ce qui aurait pu alerter les auditeurs. Ils ne semblaient pas vivre dans la terreur de M. Mas."

"Mais on peut également s'interroger sur la relative passivité des chirurgiens utilisant les prothèses PIP", ajoute-t-il. "Jusqu'en 2010, seules quelques dizaines de cas de rupture d'implants sont déclarées à l'Afssaps (agence des produits de santé). Cela paraît bien peu. Or, le système de contrôle ne peut fonctionner que si les médecins alertent l'Afssaps car, pour le reste, il repose sur la responsabilité du fabricant et sur sa bonne foi. Face à une fraude organisée, l'audit de certification est impuissant".

 "TÜV est, lui aussi, victime des agissements de PIP, reconnu comme tel dans l'enquête pour tromperie aggravée menée à Marseille. Pour le reste, les actions en cours me semblent davantage mues par la volonté de trouver un 'payeur' que par la recherche de la vérité", ajoute l'avocat. Outre les actions intentées à son encontre en France, notamment des  distributeurs de PIP, TÜV Rheinland a fait l'objet d'une première plainte au pénal en Allemagne au nom d'une patiente.