Nucléaire iranien : les discussions se poursuivent mercredi

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avec agences , modifié à
TOUT COMPRENDRE - Des diplomates iraniens et américains doivent reprendre les discussions mercredi, après leur suspension mardi soir dans la confusion.

Le mardi 31 mars à minuit, c'était la date butoir à laquelle les négociateurs iraniens, américains, français, britanniques, russes, chinois et allemands (connus comme le groupe 5+1) devaient s'entendre sur un accord sur le nucléaire iranien. Ce délai a expiré, mais les discussions doivent reprendre mercredi pour tenter d'arracher cet accord. La confusion règne sur l'état d'avancée des négociations : si la Russie et l'Iran évoquent des progrès, les Etats-Unis, de leur côté, affirment que toutes les questions ne sont pas réglées.

La prolongation des discussions est-elle un bon signe ?

C’est en tout cas ce que semblent dire les diplomates des différents pays réunis à Lausanne. "Nous avons fait suffisamment de progrès ces derniers jours pour que cela vaille la peine de rester mercredi", affirmait mardi Marie Harf, porte-parole du département d'Etat américain, dans un communiqué, ajoutant que "plusieurs points posent encore problème". L’Allemagne affirme clairement qu’il pourrait être nécessaire d'"arrêter la pendule", selon un membre de la délégation allemande, même s’il "est encore trop tôt pour cela".

Du côté iranien, l'optimisme semble de mise. Pour Mohammad Javad Zarif, le ministre des Affaires étrangères, "de bons progrès ont été accomplis dans les discussions". "Nous espérons conclure aujourd'hui [mercredi]", a-t-il même affirmé. Même sentiment chez le Russe Sergueï Lavrov, qui a carrément assuré à la presse : "on peut dire avec une relative certitude [que] nous sommes parvenus à un accord de principe sur tous les aspects clés d'un règlement de ce dossier, qui commencera à être couché sur le papier dans les prochaines heures".

Mais cet optimisme a été démenti par un diplomate américain, pour qui "toutes les questions n'ont pas été réglées".

Que reste-t-il à négocier après près d’un an de discussions ?

Au centre de ces négociations historiques se trouve le programme nucléaire iranien. Les pays occidentaux sont persuadés que Téhéran cherche à obtenir l’arme atomique, ce que les dirigeants iraniens ont toujours nié. En 2006, le conseil de sécurité de l’ONU a adopté une série de sanctions économiques contre le régime. Il est aujourd’hui question de les lever en échange d’assurances sur la teneur du programme nucléaire. Si d’énormes progrès ont été effectués pour accorder les positions de l’Iran et celles des six pays occidentaux, des obstacles de taille subsistaient mardi.

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Il s'agit en premier lieu de la durée de l'accord. Les grandes puissances souhaitent un cadre strict de contrôle des activités nucléaires sur au moins 15 ans, mais l'Iran ne veut pas s'engager au-delà de 10 ans.

La question de la levée des sanctions de l'ONU est aussi, depuis le début, un gros point de blocage. Les Iraniens voudraient voir tomber dès la conclusion d'un accord ces sanctions économiques et diplomatiques, jugées humiliantes. Or les grandes puissances veulent une levée graduelle de ces mesures. En cas de levée de certaines de ces sanctions, quelques pays du groupe 5+1 veulent pouvoir les réimposer rapidement au cas où l'Iran violerait ses engagements.

Peut-on prédire l’issue des négociations ?

"L'ambiance est changeante. C'est une lutte difficile pour une solution réaliste qui soit acceptable par les deux parties. Rien ne dit que nous allons réussir", a déclaré un diplomate allemand qui a requis l'anonymat. "On avance, mais c’est compliqué, c’est long, c’est difficile", a déclaré lors d’une courte pause le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. Dimanche soir, des négociateurs iranien et britannique se montraient relativement optimistes, jugeant un accord "faisable" et "possible".

Ce compromis, dont on ignore encore la forme qu'il pourrait prendre (déclaration politique, document partiellement publié..) serait une étape historique pour un accord final – avec toutes les annexes que cela comporte -, dont l'échéance a été fixée au 30 juin. Un échec à Lausanne ne signifierait donc pas automatiquement la fin de toutes discussions, puisqu’il reste cette autre date butoir.

Mais tous s'accordent à dire que la situation serait beaucoup plus compliquée et difficile, en raison notamment des contraintes internes aux Etats-Unis et en Iran, où les opposants à un accord seront confortés en cas d'échec des discussions.

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