Newtown : une mère raconte "l'enfer"

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Charles Carrasco avec Géraldine Woessner, correspondante aux Etats-Unis , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - Ses filles retournent à l'école jeudi. Son fils, lui, fait partie des victimes.  

Vingt jours seulement après le massacre, la vie reprend difficilement son cours à Newtown. Les élèves de Sandy Hook retrouvent jeudi les bancs de l'école, dans un nouvel établissement ultra-sécurisé. Le collège Chalk Hill, fermé l'an dernier, dans la ville voisine de Monroe va accueillir les 500 élèves dont les deux filles de Véronique Pozner, une Franco-américaine. Son fils Noah était en CP. Il fait partie des victimes de la tuerie. Sa sœur jumelle et sa grande sœur retournent en cours ce jeudi.

"C'était un enfant pétillant de vie. Je fais de mon mieux mais en fait, le deuil, c'est un enfer très personnel et pour l'instant sans issue. Les filles ne me posent pas directement des questions en ce moment. Je crois qu'elles ont peur de déclencher mes larmes", témoigne cette mère de famille au micro d'Europe 1.

Situé à quelque 10 km de l'école où un jeune de 20 ans a massacré au fusil d'assaut 20 enfants de 6 et 7 ans et six femmes de l'encadrement le 14 décembre, le collège a été rebaptisé "école primaire de Sandy Hook".

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Les deux filles de Véronique Pozner "sont contentes d'avoir une nouvelle école. Elles sont excitées. Elles ont envie. Je crois que ça part d'un besoin de recommencer le quotidien parce qu'elles n'ont vécu qu'une espèce d'ouragan. Ça crée une énorme angoisse", a-t-elle confié.

"Nos écoles sont des passoires"

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Mais après cet épisode d'une extrême violence, cette mère de famille reste encore très choquée. "Tous les jours, je revis ce jour-là et j'essaye de changer les événements dans ma tête. Et on voit les erreurs qui ont été commises : des erreurs de sécurité. Finalement, nos écoles sont un peu des passoires", déplore-t-elle.

Véronique Pozner réclame du "vitrage pare-balles, des policiers armés". "Il faut protéger nos enfants comme on protège nos banques, comme on protège le président des Etats-Unis", exige-t-elle. En ce jour de rentrée, pour aider parents et enfants, la communauté locale a construit un "cocon". Sur la route qui conduit à la nouvelle école, les rues ont été décorées de ballons, et sur des pancartes, ces messages d'amour : "we love you".