Merkel moins optimiste que Hollande

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VOEUX - Paris pense que la crise de l'euro est finie, quand Berlin assure le contraire.

2013 commencerait-elle par un désaccord franco-allemand ? Le mot est fort mais en tout cas, à Paris et à Berlin, on n’a pas la même vision de la crise économique. Une différence d’appréciation qui s’est exprimée clairement lors des vœux des deux dirigeants pour 2013.

L’optimisme de Hollande… Réaliste lors de son passage à Europe 1, le 21 décembre dernier, durant lequel il prédisait "une année difficile" et une hausse du chômage en 2013, le président français a choisi, lors de ses vœux aux Français, lundi soir, de délivrer un message d’espoir : "le calendrier que j'ai fixé, c'est de faire des réformes maintenant pour sortir de la crise plus vite et plus fort", a-t-il déclaré dans une allocution d'un peu plus de huit minutes enregistrée dans l'après-midi à l'Elysée.

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"Le cap est fixé" a encore ajouté François Hollande, "tout pour la compétitivité, l'emploi et la croissance".  "Je n'en dévierai pas. Non par obstination, mais par conviction. C'est l'intérêt de la France." Du volontarisme donc, et un optimisme qui ne dit pas son nom. Mi-décembre, lors du dernier sommet européen, le président français était plus explicite : "la crise de l'euro est derrière nous".

… et le réalisme de Merkel. Ce constat, autant le dire tout de suite, la chancelière allemande ne le partage pas, et elle l’a dit haut et fort. Lundi soir, elle a, elle aussi, sacrifié à la tradition des vœux à la nation, l’occasion parfaite de taper du poing sur la table. Car si l’Allemagne bénéficie, globalement, d’une conjoncture économique plus favorable que ses partenaires européens, c’est un message de prudence qu’a délivré Angela Merkel. "Les réformes que nous avons décidées (en Europe) commencent à produire leurs effets. Mais nous avons encore besoin de beaucoup de patience. La crise est encore loin d'être surmontée", a ainsi estimé la chancelière

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Un économiste joue les arbitres. Qui a raison ? Pour Jean-Marc Daniel, interrogé au micro d’Europe 1, mardi matin, le doute n’est pas permis : la méfiance allemande est logique, l’optimisme français un peu moins. Deux raisons à cela : l’incertitude autour de l’Italie - la nécessaire rigueur à la sauce Monti va-t-elle se poursuivre alors que des élections approchent ? - et du sort électoral d’Angela Merkel - qui cherchera à obtenir un troisième mandat lors du scrutin de septembre.

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La conclusion de l’économiste est limpide, mathématique et… peu rassurante pour François Hollande : "l'Europe est l’homme malade de la planète économique. Je rappelle que la campagne de François Hollande avait été faite sur la base de 1,7% de croissance en 2013, que le budget de 2013 l’a été voté sur la base de 0,8%, et les dernières prévisions de l’OCDE et de l’Insee, c’est 0%...  Donc on a plutôt raison d’être pessimiste sur une véritable reprise de la croissance."