Les dessous de l’affaire Zeitouni

© REUTERS
  • Copié
Fabienne Cosnay avec Caroline Delage et agences , modifié à
La France n’extradera pas les deux chauffards. Mais Israël ne transmet pas leur dossier.

L’affaire n’a pas fini d’empoisonner les relations franco-israéliennes. Trois mois après la mort de Lee Zeitouni, la France et Israël campent chacun sur leurs positions. Et derrière le fait divers qui a bouleversé le pays se cache peut être une deuxième affaire. Les deux suspects pourraient être mêlés aux trafics de la famille Aboutboul, l’une des grandes familles de la mafia israélienne. Europe1.fr fait le point.

Le rappel des faits. Le 16 septembre, Lee Zeitouni, une jeune femme israélienne est tuée par un chauffard de nationalité française alors qu’elle traverse une rue de Tel-Aviv sur un passage protégé. Les deux ressortissants français, Claude Khayat, âgé de 32 ans, et Eric Robic, âgé de 38 ans, qui étaient à bord du véhicule, ont aussitôt pris un avion pour la France. Un départ précipité qui empêche aujourd’hui leur procès en Israël.

La position de la France. Comme l’a rappelé mardi l'ambassadeur de France en Israël, Christophe Bigot, devant des parlementaires israéliens, Claude Khayat et Eric Robic ne pourront pas être jugés en Israël puisque la France n'extrade pas ses ressortissants hors Union européenne. Les deux hommes ne pourraient être jugés à Tel-Aviv que s’ils retournaient de leur propre initiative dans le pays. Ce qu’ils refusent catégoriquement. Par la voix de leurs avocats, ils ont fait savoir qu’ils souhaitaient être jugés en France, dénonçant un climat de "vindicte populaire exacerbée" en Israël.

La position d’Israël. Dans le pays, la fuite des deux ressortissants français et l’impossibilité de les juger en Israël suscite l’indignation. Mardi, le président d'une commission parlementaire, Danny Danon, a remis à l'ambassadeur de France en Israël une lettre pour Nicolas Sarkozy, lui demandant de "remettre les meurtriers aux mains de la justice israélienne". "Les actes criminels et méprisables des meurtriers de Lee Zeitouni exigent une réponse ferme et immédiate du gouvernement français, laquelle démontrera que la justice n'a pas de frontières", a insisté Danny Danon.

Seront-ils jugés ? Aujourd’hui, l’affaire Zeitouni n’avance pas, chacun campant sur ses positions. Les deux Français responsables  de la mort de la jeune femme pourraient être jugés en France si la famille de la victime dépose une plainte en France ou si Israël engage une procédure de "dénonciation des faits" et transfère le dossier à la justice française. Or, depuis septembre, aucune procédure n’a été engagée en ce sens. Selon la loi française, Claude Khayat et Eric Robic risqueraient 10 ans de prison pour non assistance à personne en danger et délit de fuite.

Pourquoi Israël ne transfère pas le dossier ? Selon la presse israélienne, les deux suspects pourraient être mêlés aux trafics de la famille Aboutboul, famille légendaire de la mafia israélienne. La justice chercherait donc à confirmer ses soupçons pour pouvoir poursuivre les deux ressortissants Français avant tout transfert de leur dossier à la justice française.

Impliqués dans d'autres affaires. Eric Robic a été mis en examen fin décembre dans une affaire d'escroquerie. Cela concernerait "une vieille affaire d'achat de crevettes", selon une source judiciaire. De son côté, Claude Khayat a été contrôlé le 30 décembre en excès de vitesse sur une autoroute du Var. Il a été flashé à 156 km/h sur l'A8. Après avoir payé une amende, il est reparti avec un véhicule loué à l'aéroport de Nice, explique Le Parisien, jeudi.