Le duc d'Edimbourg, blagueur au grand cœur

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avec agences , modifié à
PORTRAIT - Le mari de la reine Elizabeth a 90 ans. Un homme qui a eu une enfance difficile.

Il a toujours le petit mot… de trop. Rugueux, blagueur impénitent mais fidèle soldat d'Elizabeth II, Philip, duc d'Edimbourg, fête vendredi ses 90 ans dont bientôt 60 au service de son épouse et reine. Sa rudesse légendaire et ses blagues parfois douteuses font le bonheur des gazettes, comme la BBC qui publie pour l'occasion, sur son site internet, une sélection des "meilleures" plaisanteries, tout comme ABC qui publie un "Top 10" des blagues du duc d'Edimbourg.

Une décontraction qui n'est pas toujours de très bon ton. Ainsi, en 1986 il conseille à des étudiants britanniques en stage en Chine de ne pas rester trop longtemps, "sinon vous allez avoir les yeux bridés". A un Aborigène, il demande en 2002, lors d'une visite en Australie, s'il "lance toujours des flèches" et à un moniteur d'auto-école écossais, comment il fait "pour convaincre les gens du coin d'arrêter de boire le temps de passer leur permis". A chaque fois que l’hymne God save the Queen est joué, il donne un petit coup de coude à son épouse et lui glisse, sourire en coin, "c’est ta chanson !".

Un homme à l’enfance agitée et solitaire

Mais derrière cet humour décalé, parfois trop osé, se cache un homme au passé pas toujours heureux. De souche allemande - arrière-petit-enfant de la reine Victoria, tout comme Elizabeth - Philip de Grèce et du Danemark est né à Corfou sur une table de cuisine, endroit jugé le plus approprié par le médecin local, le 10 juin 1921.

A peine un an après sa naissance, il est évacué avec sa famille dans un carton à oranges dans un navire britannique, alors que son oncle le roi de Grèce est déposé. Le jeune prince Philip connaît alors une enfance agitée. Ses soeurs aînées se marient à des dignitaires nazis. Le père fréquente les casinos de Monte Carlo, la mère, dépressive, est hospitalisée et Philip confié à des parents. Il finit par entrer dans un pensionnat écossais très spartiate, puis rejoint la marine britannique. Il prendra une part active dans la deuxième guerre mondiale.

Il a 18 ans lorsqu'il rencontre la jeune Elizabeth, qui n'en a que 13 mais tombe aussitôt sous le charme du bel officier. Leur union est d'abord vue d'un mauvais oeil par les parents de la jeune princesse : Philip est sans le sou, déjà d'un caractère rugueux et peu policé. Mais "Lilibet" l'adore, et le mariage se fait en 1947, juste après la guerre.

"Un roc pour Elizabeth"

Le destin de Philip change du tout au tout avec l'accession d'Elizabeth au trône en 1952 : il abandonne sa carrière militaire et endosse le rôle de consort, pour lequel il détient d'ailleurs le record de longévité. "Etant marié à la reine, il me semblait que mon premier devoir était de la servir du mieux que je pouvais", confie-t-il à ITV.

Et c'est cette dévotion et cet amour pour son pays qu'a voulu saluer David Cameron. le Premier ministre a souligné que "le duc d'Edimbourg a été "un compagnon de tous les instants et un roc pour la reine Elizabeth". "Il nous a servi avec un sens inaltérable du devoir". Malicieux, le chef des travaillistes Ed Miliband a, quant à lui, souligné une "façon unique de s'exprimer, caractéristique de la vie publique britannique".