L'Italie veut lutter contre "les nouveaux esclavagistes"

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INTERVIEW E1 - Sandro Gozi, secrétaire d'Etat italien aux affaires européennes, réitère l'appel à l'aide lancé par son pays à l'Union européenne pour gérer l'afflux de migrants en Méditerranée. 

Des centaines de migrants meurent tous les mois en tentant de rejoindre les côtes européennes. Avec des îles à quelques centaines de kilomètres de la Libye, l'Italie est en première ligne pour tenter de les sauver des flots. Mais elle est aujourd'hui dépassée par l'ampleur de la tâche. Depuis des mois, le gouvernement de Matteo Renzi appelle l'Union européenne à l'aide. Invité d'Europe 1, le secrétaire d'Etat italien aux affaires européennes, Sandro Gozi, veut "lutter contre les nouveaux esclavagistes du 21e siècle" : les passeurs.

Le chaos libyen. Lors de son interview, Sandro Gozi a donné un chiffre éloquent : "81 % des flux migratoires passent par la Libye. Elle est la source du problème". En effet, de nombreux migrants originaires de tout le continent africain se donnent rendez-vous dans ce pays. Les trafiquants d'êtres humains profitent du chaos total qui règne en Libye pour gagner de l'argent sur le dos des migrants désespérés.

En 2011, la France a lancé une action militaire en Libye dans le but d'empêcher le massacre de la population par le dictateur Mouammar Kadhafi. "Mais il n'y a pas eu de stratégie politique pour l'après", regrette Sandro Gozi, qui constate qu'"aujourd'hui, nous voyons les conséquences de cette absence de stratégie et de la négligence avec laquelle l'Union européenne a traité la question libyenne jusqu'à il y a très peu de temps".

Selon le secrétaire d'Etat italien, il faut donc avant tout "régler la question libyenne". Interrogé sur les mesures que pourrait prendre l'Union européenne, il a déclaré que "détruire les bateaux de passeurs est une mesure envisageable, mais uniquement lorsque le Libye sera stabilisée".

Un sommet très attendu. Les Vingt-Huit doivent se pencher bientôt sur cette question, un sommet européen ayant été annoncé lundi après-midi. Pour Sandro Gozi, cette annonce est un signal "positif". "Il y a eu des prises de position très importantes de la part du président de la République française", a-t-il salué. "Nous avons l'impression que maintenant, nous pouvons avancer dans la bonne direction", ajoute le secrétaire d'Etat qui reste néanmoins sur ses gardes : "Il faudra voir comment".

>> Réécoutez l'intégralité de l'interview de Sandro Gozi par Thomas Sotto :

Gozi : "L'Union européenne aurait peu faire...par Europe1fr

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