L'Afrique du Sud en proie à des violences xénophobes

© MUJAHID SAFODIEN / AFP
  • Copié
avec AFP
Ces violences, qui durent depuis trois semaines, ont déjà fait au moins six morts. Le président, Jacob Zuma, a annulé un déplacement à l'étranger.

L'Afrique du Sud risque-t-elle une réédition du bain de sang de 2008 ? Des violences xénophobes, perpétrées par des casseurs et des pilleurs, émaillent l'est du pays depuis trois semaines et ont déjà fait au moins six morts et 5.000 déplacés. La tension est telle que le président Jacob Zuma a annulé samedi un voyage à l'étranger.

62 morts en 2008. C'est avant Pâques que les violences ont éclaté à Durban, la province natale du chef de l'Etat, et rappellent douloureusement celles de 2008, qui avaient fait 62 morts. Samedi, la police a confirmé la mort d'un autre étranger dans le township d'Alexandra, à Johannesburg, tout en se refusant à établir un lien dans l'immédiat avec les violences en cours. Sa nationalité n'a pas été révélée.

Face à une situation explosive, Jacob Zuma, qui devait s'envoler samedi pour le 60e anniversaire du sommet des Non-Alignés en Indonésie, a préféré annuler ce déplacement "pour s'occuper des affaires intérieures liées aux violences contre les étrangers". La présidence a appelé la police "à continuer à travailler sans relâche pour protéger les populations et faire juger les auteurs" de violences. Elle a aussi annoncé qu'elle allait la semaine prochaine "engager le dialogue", parce que "nous avons besoin que tous les leaders travaillent ensemble pour faire revenir la situation à la normale".

La police anti-émeute déployée. Sur le terrain, des unités de la police municipale de Johannesburg et de la police anti-émeute ont été déployées en renfort dans les townships ou quartiers de la capitale économique. D'après un porte-parole de la police provinciale, les violences sont désormais surtout le fait "de petits groupes de 20 à 30 personnes qui en profitent pour piller et casser".

Dans la région, la situation inquiète. Des pays d'origine des immigrés se préparaient à rapatrier certains de leurs ressortissants. Robert Mugabe, président du Zimbabwe, a dénoncé des actes "impardonnables", tout en se disant rassuré par les déclarations de Jacob Zuma. Quant au Forum de la diaspora africaine (ADF) a demandé l'intervention de l'armée et son porte-parole, Jean-Pierre Lukamba, s'est interrogé : le gouvernement "compte attendre jusqu'à combien d'immigrants tués pour utiliser l'armée comme en 2008?"