"Kadhafi sera jugé" : le flou de Sarkozy

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Plana Radenovic avec agences
Nicolas Sarkozy veut que l’ex-dictateur soit jugé, mais entre la Libye et la CPI, son cœur balance.

Mouammar Kadhafi "sera jugé". L’affirmation de Nicolas Sarkozy mardi à l’ONU lors d’un sommet sur la Libye paraît limpide. Mais, en ne précisant pas devant quelle juridiction, un tribunal national ou la Cour pénale internationale, le procès pouvait avoir lieu, le chef de l’Etat français entretient –volontairement ?- un certain flou.

Le CNT veut un procès en Libye

Si tout le monde s’accorde à souhaiter que le cas Kadhafi soit soldé devant la justice, le choix du tribunal est plus sensible. Le Conseil national de transition libyen (CNT) veut que le procès du dictateur libyen déchu se tienne en Libye. "Kadhafi est responsable d'une série effroyable de crimes ces 42 dernières années, pour lesquels il devrait être tenu responsable, et cela ne peut se faire que lors d'un procès en bonne forme en Libye", avait déclaré le représentant du CNT à Londres le 4 septembre dans une émission de la BBC.

Mais voilà, depuis la victoire des rebelles libyens, le traitement accordé aux partisans de Kadhafi est fort peu démocratique. Et la CPI a lancé un mandat d’arrêt international contre Mouammar Kadhafi, l’inculpant de crime de guerre. Nicolas Sarkozy semble donc avoir quelque peu infléchi sa position ces derniers mois.

"Les Libyens décideront librement"

Il avait en effet déclaré, le 1er septembre dernier, lors d’une conférence de presse à l’Elysée : "M. Kadhafi doit être arrêté et les Libyens décideront librement s'il convient qu'il soit jugé en Libye ou devant les juridictions internationales. Ce n'est pas notre décision". Et d’ajouter, comme marchant sur des œufs : "Nous sommes bien dans le cadre d'un Etat de droit (mais) il peut y avoir un fait de guerre, des éléments de cette nature".

Depuis, Nicolas Sarkozy n’a jamais été aussi précis. Le colonel Kadhafi "doit être arrêté et tous ceux qui sont inculpés par des juridictions internationales doivent rendre des comptes pour ce qu'ils ont fait", avait-il dit lors de sa visite-éclair en Libye le 15 septembre. Le chef de l’Etat, accueilli en héros à Benghazi et Tripoli, semble chercher à ménager les rebelles libyens, pour préserver sa place de choix dans le futur eldorado libyen.