Islam: le film qui embrase le Proche-Orient

Des extraits de ce film  à petit budget, avec des costumes d'amateurs, un scénario confus et des décors artificiels, ont été postés sur Internet.
Des extraits de ce film à petit budget, avec des costumes d'amateurs, un scénario confus et des décors artificiels, ont été postés sur Internet. © Capture
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
Cette production satirique d'un Américain a déclenché de vives protestations dans les pays musulmans.

Après l'attaque qui a tué l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye et trois autres membres du personnel diplomatique américain, un film est pointé du doigt : "L'innocence des musulmans", réalisé par Sam Bacile. Cette "satire", signée par un promoteur immobilier israélo-américain de 54 ans originaire du sud de la Californie, serait à l'origine des manifestations et attaques anti-américaines, mardi en Egypte et en Libye.

Dans ce film, le réalisateur, qui s'est mis à l'abri dans un lieu tenu secret, décrit l'islam comme un "cancer", une religion de haine, selon le Wall Street Journal, qui l'a interviewé.

Le film et ses donateurs juifs

Des extraits de ce film  à petit budget, avec des costumes d'amateurs, un scénario confus et des décors artificiels, ont été postés sur Internet ou diffusés sur des chaînes de télévision privées. Des acteurs parlant anglais avec l'accent américain y présentent les musulmans comme immoraux et gratuitement violents et tournent en dérision le prophète Mahomet.

Sam Bacile assure qu'il l'a produit avec cinq millions de dollars levés auprès d'une centaine de donateurs juifs, qu'il a refusé d'identifier. Il assure avoir travaillé avec 60 acteurs et une équipe de 45 personnes pour réaliser en Californie, en trois mois, ce film de deux heures. C'est "politique. Pas religieux", s'est-il justifié.

Un extrait du film satirique :

Défendu par le pasteur Terry Jones

terry jones

© Reuters

Le long métrage a été défendu par le pasteur très controversé Terry Jones, qui s'est attiré de nombreuses critiques par le passé, notamment pour avoir brûlé un exemplaire du Coran et s'être résolument opposé à la construction d'une mosquée près de Ground Zero à New York. Le pasteur devait d'ailleurs montrer un extrait de treize minutes du film, mardi soir, dans son église de Gainesville, en Floride.

"C'est une production américaine, qui n'a pas pour objectif d'attaquer les musulmans mais de montrer l'idéologie destructive de l'islam", a-t-il expliqué dans le Wall Street Journal. Une porte-parole de Terry Jones a indiqué que le film était aussi diffusé sur le site Internet du mouvement du pasteur américain.

Consternation dans les pays musulmans

Le film est hautement sensible dans les pays musulmans qui l'ont unanimement condamné. L'Iran le qualifie "d'ignoble" et affirme que la nation islamique est "blessée". L'Egypte déplore un film "immoral et offensant" sur le prophète. L'Afghanistan parle d'un "crime" lorsqu'on insulte "les croyances de 1,5 milliard de personnes".

Kaboul est même allé plus loin en ordonnant le blocage pendant 90 minutes du site de visionnage de vidéos Youtube dans le pays. "L'acte haineux de ce réalisateur et du pasteur fanatique qui ont blessé le monde islamique ne devrait pas être permis", a ajouté le gouvernement afghan, qui s'était dit "dégoûté".

De nouveaux appels à manifester 

Après les violences de mardi, la tension n'est toujours pas retombée au Proche-Orient. Des appels à manifester contre ce film mercredi soir devant l'ambassade ont été lancés par des organisations coptes, cette communauté chrétienne d'Egypte. Selon la presse égyptienne et des prédicateurs musulmans radicaux, des Coptes vivant aux Etats-Unis seraient impliqués dans la réalisation de ce film.

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© Reuters

Les Frères musulmans, première force politique d'Egypte dont est issu le président Mohamed Morsi, ont appelé à des manifestations vendredi. Un journaliste égyptien a de son côté déposé une plainte contre les producteurs et demandé que les Coptes égyptiens qui auraient contribué au film soient déchus de leur nationalité.