Grippe A : affrontements entre policiers et éleveurs de porcs en Egypte

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Des affrontements ont opposé dimanche dans la région du Caire des éleveurs de porcs à des policiers venus prendre leurs animaux dans le cadre de l'abattage de tout le cheptel porcin d'Egypte.

Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes dimanche au Caire contre des chiffonniers du bidonville de Manchiet Nasr qui les bombardaient de pierres et de bouteilles pour les empêcher de venir abattre leurs porcs à titre de précaution contre la grippe A.

Une dizaine de personnes ont été blessées et une quinzaine d'autres interpellées. Et trois policiers ont été blessés dans une autre partie de la capitale lors d'affrontements avec d'autres éleveurs de porc.

"Il a été décidé de commencer immédiatement à égorger tous les porcs en Egypte en faisant tourner les abattoirs à leur maximum", a annoncé le ministre égyptien de la Santé Hatem el-Gabali. Entre 300 et 400.000 animaux sont dans la ligne de mire. Cette décision est présentée par les autorités égyptiennes comme un moyen d’éviter dans le pays l'apparition du virus H1N1.

La mesure de précaution,pour le moins radicale, a créé la polémique dans le pays. L'animal, considéré comme impur par les musulmans, est en majorité élevé par des coptes, les chrétiens d'Egypte. Parmi eux, on compte notamment un nombre important de trieurs d'ordures vivant dans des quartiers submergés par les détritus. La décision d'éliminer tous les porcs est ressentie par cette communauté comme discriminatoire.

Les autorités égyptiennes ont précisé qu'il ne s'agissait que d'une mesure d'"hygiène générale". "Les autorités ont profité de cette occasion pour régler la question de l'élevage sauvage en Egypte", a précisé le ministère de la Santé.

Les scientifiques expliquent eux qu'un tel abattage massif est inutile. La grippe A se propage en effet d'homme à homme. La contamination ne passe donc pas par les porcs. Et quand bien même, aucun porc égyptien n’est de toute façon contaminé. Seul risque : que le virus mute encore pour se combiner avec celui de la grippe aviaire. Il est cependant jugé hautement improbable mais la densité de population en Egypte, notamment dans les bidonvilles, est considérée comme un facteur de risque aggravant.