Greenpeace épingle les géants du Web

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L'organisation écologiste dénonce la forte consommation énergétique des Cloud Computing.

Greenpeace s'attaque à une cause de pollution encore peu connue. Un rapport de l'organisation écologique dénonce la forte consommation en énergie des nuages informatiques. Egalement appelé Cloud Computing en anglais, ce service propose des espaces dématérialisés pour le stockage de données en ligne. Des espaces dématérialisés qui ont besoin d'ordinateurs géants bien réels pour exister.

Greenpeace a décidé de réaliser une action jeudi, à Seattle, aux États-Unis. Objectif : dénoncer cette cause de pollution encore méconnue du grand public. Des militants de l'organisation ont donc descendu la façade d'un bâtiment pour exhorter le groupe de vente en ligne et le géant Microsoft à utiliser des énergies propres pour leurs services dématérialisés.

Deux militants se sont élancés du toit de l'immeuble, situé juste en face des bureaux de Microsoft, pour accrocher une banderole en forme de nuage sur lequel on pouvait lire "Votre nuage informatique est-il propre?". Europe1.fr résume le conflit qui oppose Greenpeace aux géants d'Internet.

Qu'est-ce que le Cloud Computing ? C'est un service développé par les géants de l'informatique pour stocker et traiter les milliards de données qui transitent sur Internet chaque jour. Ces centres de données, également appelés "data centers", abritent des milliers d'ordinateurs. Les nuages informatiques permettent aux internautes d'accéder à leurs musiques, leurs fichiers, leurs photos depuis n'importe quel ordinateur via une connexion Internet. Le Cloud Computing signe le début d'une dématérialisation complète du stockage de données.

En quoi cette offre est polluante ? Greenpeace a étudié le type d'énergie utilisé pour faire fonctionner les centres de données, qui abritent des milliers d'ordinateurs pour stocker et rendre disponibles toutes les données en ligne. Il en ressort que ces data centers "consomment une très grande quantité d'électricité : l'équivalent d'environ 250.000 foyers européens pour certains d'entre eux", note Greenpeace. Toujours selon l'ONG, l'alimentation électrique de ces centres de données devrait encore exploser dans les années à venir.

Quels sont les acteurs d'Internet pointés du doigt ?Selon le rapport publié mardi par Greenpeace, Amazon, Apple et Microsoft "n'accordent pas suffisamment d'attention à la provenance de l'électricité qu'elles consomment et continuent d'avoir largement recours aux énergies sales pour alimenter" ces services dématérialisés.

L'organisation écologiste entend par énergies sales l'utilisation de charbon et d'énergie nucléaire. L'un des plus grands centres de données au monde d'Apple situé en Caroline du Nord produit la majorité de son énergie à partir de charbon, rapporte le journal Les Echos. La part accordée aux énergies renouvelables, comme les panneaux solaires est seulement de 2,5%, précise Le Figaro.

Que propose Greenpeace pour réduire la pollution ? "Il ne s'agit pas de clouer (ces entreprises) au pilori, nous essayons de les pousser dans la bonne direction", a expliqué Casey Harrell, un responsable de Greenpeace. "Amazon et Microsoft ont les moyens de faire marcher leur nuage avec des énergies vertes et renouvelables, mais ils sont loin derrière leurs concurrents Google, Facebook et Yahoo! dans la course aux nuages réellement propres", ajoute-t-il.

Greenpeace propose ainsi aux géants d'Internet d'abandonner les fournisseurs d’électricité obtenue par exploitation du charbon. L'organisation conseille donc de bien choisir les lieux d’installation des centres de données permettant d’utiliser des énergies renouvelables, indique Ecrans.fr.

L'organisation a d'ailleurs déjà distribué des bons points à Facebook, Google et Yahoo!. Ces derniers continuent "de montrer l'exemple", tandis que Facebook "est désormais l'ami des énergies renouvelables", selon le rapport. Le réseau social "a fait le premier pas dans la bonne direction avec la construction d'un data center, en Suède, pouvant être entièrement alimenté par des énergies renouvelables".

Que répondent les géants d'Internet ? Apple a réagi au quart de tour à la publication du rapport de Greenpeace. Dans un communiqué, la marque à la pomme révèle que son centre de données, lorsqu'il fonctionnera à plein régime, consommera en fait cinq fois moins que ce Greenpeace a estimé, souligne Le Figaro. Apple veut également faire signe de bonne volonté et indique que, à terme, son centre de données sera alimenté à 60% par de l'énergie renouvelable produite sur le site. L'installation sera à terme "la plus verte jamais construite", assure un porte-parole.