Espionnage de la NSA : l'Europe aussi

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C.B avec agences , modifié à
Les Européens ont exigé dimanche des explications des Américains après ces révélations.

Et si l'Europe avait aussi été espionnée par la National security agency (NSA), l'une des principales agences de renseignements des Etats-Unis ? C'est ce qu'assure l'hebdomadaire allemand Der Spiegel paru dimanche. Pour rappel, la NSA fait l'objet d'une vive controverse depuis qu'Edward Snowden a révélé que l'administration américaine collectait des données auprès de grands opérateurs internet et des réseaux sociaux, par le biais d'un programme secret baptisé PRISM. Selon le journal allemand, l'Union européenne a fait partie des "cibles" de la NSA. Dimanche, les Européens ont exigé des explications.

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L'UE, une "cible à attaquer". Ces accusations se fondent sur un document secret qu'Edward Snowden, ancien consultant informatique de la NSA, a emporté dans sa fuite et a communiqué au journal allemand. Dans ce document daté de septembre 2010 et classé "strictement confidentiel", la NSA décrit comment elle espionnait la représentation diplomatique de l'Union européenne à Washington. La représentation de l'UE à l'ONU était également surveillée. Les méthodes d'espionnages allaient même beaucoup plus loin : la NSA avait étendu ses opérations jusqu'à Bruxelles. Selon ce document, les Européens sont en effet explicitement désignés comme des "cibles à attaquer". Il s'agissait non seulement de micros installés dans les bâtiments, mais aussi d'une infiltration des réseaux informatiques qui permettait de lire les courriers électroniques et les documents internes.

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Une affaire vieille d'une dizaine d'années ?  Fait troublant : il y a plus de cinq ans, les experts en sécurité de l'UE avaient découvert un système d'écoutes sur le réseau téléphonique et internet du bâtiment Justus-Lipsius, principal siège du Conseil de l'Union européenne, et qui remontait jusqu'au quartier général de l'Otan dans la banlieue de Bruxelles. En 2003, l'UE avait confirmé la découverte d'un système d'écoutes téléphoniques des bureaux de plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne. Il est toutefois difficile de savoir s'il s'agit de cette affaire dont parle l'article du Spiegel.

Keith Alexander, directeur de l'agence américaine d'espionnage, veut éviter que de nouvelles fuites informatiques surviennent aux Etats-Unis.

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L'UE veut des explications. A la suite de ces révélations, la Commission européenne a publié dimanche un communiqué très formel : "nous avons pris contact immédiatement avec les autorités américains à Washington et à Bruxelles et les avons mis face aux informations de presse. Ils nous ont dit qu'ils vérifiaient l'exactitude des informations publiées hier et qu'ils reviendraient vers nous", peut-on lire. Dès samedi, de nombreuses personnalités européennes, ont dénoncé les pratiques des Etats-Unis. Pour le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, "si cela se confirme, il s'agit d'un immense scandale". "Cela nuirait considérablement aux relations entre l'UE et les Etats-Unis", ajoute-t-il. Pour le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselbron, "les États-Unis feraient manifestement mieux de surveiller leurs services de renseignement plutôt que leurs alliés". L'espionnage américain est "hors de contrôle", juge-t-il, soulignant que si les activités de renseignement "sont justifiées par la lutte contre le terrorisme (...) l'UE et ses diplomates ne sont pas des terroristes".

Vers un accord pour renforcer la sécurité ? Toujours sur le site du Spiegel, le député européen écologiste Daniel Conh-Bendit appelle à une rupture immédiate des négociations sur le traité de libre-échange transatlantique, tant qu'un accord n'a pas été signé avec les États-Unis sur la protection des données. Des négociations en ce sens, lancées en 2011, n'ont toujours pas abouti. Mercredi, l'Union européenne avait demandé aux États-Unis de lui fournir "aussi rapidement que possible" des réponses à ses questions sur le programme de surveillance américain Prism.