En plein chaos, les Japonais restent zen

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avec Matthieu Bock, Martin Feneau et Elodie Rabé , modifié à
Malgré le séisme et la menace nucléaire, la sérénité prédomine. Question de culture.

Victime d’un enchaînement de catastrophes naturelles et nucléaires, le Japon vit sa pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale, selon le Premier ministre Naoto Kan. Pourtant, lorsqu'on observe les réactions des Japonais, un étrange calme prédomine. Une réaction qui bluffe le monde entier.

Indice de cette sérénité, les images d'amateurs prises avec des téléphones portables sont de bonne qualité : pas un cri, pas un tremblement, malgré les scènes dantesques qu’on découvre depuis vendredi.

"La situation n'est pas du tout anxiogène“

“Les Japonais sont très calmes, ils ont réagi de manière complètement zen“, confirme Hélène, une jeune Française rentrée du Japon dimanche.

"La situation n'est pas du tout anxiogène, c’est plus les nouvelles qui viennent de Paris qui sont vraiment stressantes", assure-t-elle :

“Une bonne philosophie de vie“

Léo Lewis, un autre Français qui est, lui, resté au Japon, a aussi été fasciné par la sérénité des Japonais. “Ils sont très très forts dans ce genre d’évènement : il y a une partie du pays qui a été dévasté par ce tsunami, mais eux, ils sont là. [Ils se disent] : il faut qu’on reconstruise, il faut qu’on reparte, de toute façon on n’a pas le choix, il faut qu’on avance“, témoigne-t-il.

"C’est une leçon pour nous, (…) une bonne philosophie de vie", raconte-t-il :

Une éducation très précoce

Cette manière d’appréhender une telle catastrophe n’est pas sans rapport avec l’éducation des Japonais. Ce risque permanent de tremblement de terre fait partie de leur vie, les enfants apprennent très tôt à l'école à se protéger sous les tables.

Mais pour Jean-François Sabouret, directeur de recherche au CRNS et spécialiste du Japon, cela va bien au delà de la conscience de cette épée de Damoclès. “C’est une société bouddhiste : dans le bouddhisme, de toute façon, il y a la souffrance, on ne peut rien changer. On sait que de toute façon qu’il peut y avoir des risques importants demain. Demain est un autre jour, d’où l’idée de vivre intensément l’instant présent. C’est la poésie du Haïku“, décrypte-t-il.

“Il y a un proverbe japonais qui dit : ‘les guêpes sont attirées par les visages qui pleurent ‘. La grande dignité des Japonais, quand il y a des malheurs comme cela, on se tait. De toute façon, cela ne changera rien“, poursuit Jean-François Sabouret.