Elections : la Norvège vire à droite

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Alors que l’économie se porte exceptionnellement bien, les Norvégiens pourraient opter pour l’alternance.

"Ce sont des élections frileuses". Pour Vibeke Knoop-Rachline, correspondante à Paris pour le quotidien national norvégien Aftenposten, les élections législatives qui ont lieu lundi en Norvège réservent peu de surprises. Tous les experts s’accordent à dire que c’est une alternance qui se dessine avec un scrutin qui donnera, sans doute, la majorité à une coalition de partis conservateurs face au Premier ministre sortant, le travailliste Jens Stoltenberg, décrypte la journaliste pour Europe1.fr.

Les raisons de ce revirement ? Un sentiment de lassitude sans doute. "Cela fait huit ans que la coalition "travaillistes-verts" est au pouvoir, les Norvégiens, dont 3,4 millions sont appelés aux urnes, ont envie de renouveler les têtes", estime la journaliste. Le bilan du gouvernement actuel est pourtant loin d’être mauvais : le taux de chômage dépasse à peine les 3% et le pays est totalement épargné par la crise. Résolument à l'écart de l'Union européenne, la Norvège possède aujourd'hui le plus gros fonds souverain au monde, pesant quelque 750 milliards de dollars.
 
 

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Néanmoins, les Norvégiens semblent en avoir assez. Pour l’écrivain Jan Kjærstad, ce scrutin est le reflet d’une société en pleine mutation. Depuis quelques années, la Norvège connait une croissance économique forte grâce à la manne du pétrole. "Au fur et à mesure qu’ils ont connu [cette] prospérité, les Norvégiens ont abandonné la solidarité et l’égalité pour le libéralisme et le repli", regrette le célèbre romancier, dans les colonnes du Courrier International.

Un point de vue que partage Vibeke Knoop-Rachline. "Les Norvégiens sont soucieux de conserver ce qu’ils ont, c’est-à-dire un beau gâteau qu’ils ne veulent pas partager", observe-t-elle. Ilot de prospérité, la Norvège connait une immigration grandissante depuis ces dix dernières années. Entre 2002 et 2012, l’immigration a été multipliée par 2,5. Selon l’Institut national des statistiques, les immigrés représentaient, l’an dernier, 14% de la population. Un flux qui inquiète certains qui préfèrent se donc tourner vers une politique plus protectionniste.

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"Beaucoup estiment que les travaillistes manquent de vision pour les années à venir et vont donc se tourner vers les partis conservateurs et libéraux", ajoute-t-elle. Mais si les Norvégiens optent pour l’alternance, alors il y aura un prix à payer : celui de la coalition. Une alliance de plusieurs partis conservateurs dans laquelle le parti du Progrès (FrP), un parti d’extrême droite auquel le terroriste Anders Breivik a pendant un temps adhéré, aura sa place. "Certains évoquent même l’attribution du ministère des Finances au FrP », souligne la journaliste norvégienne.

La dernière enquête d'opinion parue dimanche créditait la droite de 54,3% des intentions de vote, soit une confortable majorité de 95 sièges sur 169 au Parlement, contre 39% seulement à la gauche. Les premiers résultats partiels devraient être connus vers 21 heures lundi.