Ecoutes : ils sont dans l'oeil du cyclone

La démission dimanche du chef de Scotland Yard, Sir Paul Stephenson pourrait mettre sérieusement en difficulté David Cameron estimait lundi la presse britannique.
La démission dimanche du chef de Scotland Yard, Sir Paul Stephenson pourrait mettre sérieusement en difficulté David Cameron estimait lundi la presse britannique. © Reuters
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et Frédéric Frangeul avec agences , modifié à
De Scotland Yard aux Murdoch, retour sur les protagonistes du scandale "News of the World".

L'onde de choc du scandale des écoutes au sein du groupe de presse de Rupert Murdoch continue à se propager. Le tabloïde News of the World (NotW) a fermé boutique il y a quelques jours après des révélations l'accusant d'avoir piraté la messagerie d’une écolière disparue puis retrouvée assassinée en 2002. Des révélations qui viennent s'ajouter aux scandales dont a fait l'objet le tabloïde en 2005 accusé du piratage de messageries de stars et de membres de la famille royale. Europe1.fr revient donc sur ce scandale de trop, qui atteint les plus hautes sphères du pays.

MEDIAS : L'EMPIRE MURDOCH ÉBRANLÉ

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Murdoch, père et fils. En tant que patron du géant de la presse News Corp, Robert Murdoch est naturellement sous le feu des critiques. Depuis deux semaines, ce magnat de la presse tente de calmer la tempête politico-judiciaire déclenchée par la découverte des pratiques du NotW. Celui-ci a publié des excuses dans la presse. Murdoch et son fils James - le numéro 3 du groupe News Corp - ont par ailleurs accepté de comparaître devant une commission parlementaire britannique mardi 19 juillet. News Corp. a dû aussi abandonner son projet controversé de rachat total du bouquet britannique de chaînes par satellite BSkyB. L'influence de l'homme d'affaires sur la classe politique est par ailleurs très contestée outre-Manche.

Murdoch est également dans le collimateur du FBI. La police fédérale américaine a lancé une enquête sur des écoutes téléphoniques présumées aux Etats-Unis menées par son groupe. Des élus américains réclamaient depuis plusieurs jours l'ouverture d'une enquête pour déterminer si des journalistes de médias du groupe News Corp., à l'origine du scandale des écoutes au Royaume-Uni, avaient mené le même type d'écoutes outre-Atlantique.

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Rebekah Brooks, la protégée de Murdoch. La directrice de News International, branche britannique de News Corp et propriétaire de News of the World est soupçonnée "de participation à l'interception de communications" et de "corruption". Rebekah Brooks a été entendue pendant près de 12 heures dimanche par la police. Rédactrice en chef de News of the World au moment où une partie des écoutes ont été réalisées, la protégée de Robert Murdoch a finalement été libérée sous caution.

Eux aussi étaient à News of the World au moment des faits. Les Hilton a démissionné, le directeur général de Dow Jones, la filiale américaine de News Corp.a démissionné vendredi. Hilton était président exécutif de News International lorsqu"il avait assuré en 2007 devant une commission parlementaire britannique que les écoutes téléphoniques n'étaient le fait que d'un seul journaliste. Déjà condamné en 2007 à quatre mois de prison dans le scandale des écoutes téléphoniques pratiquées par le tabloïde, l'ancien journaliste Clive Goodman a été arrêté vendredi pour corruption, a annoncé la police.

SEAN HOARE, L'ACCUSATEUR

Sean Hoare, ex-journaliste de News of the World avait été le premier à dénoncer le scandale des écoutes. Il a été retrouvé mort chez lui lundi. La police s’est empressée d’annoncer que son décès ne semblait pas suspect. Congédié en 2005 de l’hebdomadaire où il couvrait le monde du show-business, il avait des problèmes de drogue et d’alcool. L’an dernier, il avait dénoncé publiquement la pratique "endémique" des écoutes chez News of the World. Sean Hoare avait notamment affirmé qu’Andy Coulson, son ancien rédacteur en chef, était "parfaitement au courant" de ces agissements.

GLENN MULCAIRE, LE DETECTIVE DE TOUS LES SCANDALES

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Glenn Mulcaire, l'homme par qui les scandales sont arrivés. Le détective privé aurait été engagé à plusieurs reprises par le tabloïde britannique. Il a déjà été condamné à 6 mois de prison en janvier 2007 pour avoir piraté les portables de nombreuses personnalités du showbiz, hommes politiques et stars de cinéma. Glenn Mulcaire serait allé cette fois-ci jusqu'à effacer des messages du portable de l'adolescente disparue et retrouvée morte, pour faire de la place dans la boîte vocale, donnant le faux espoir à sa famille qu'elle était encore en vie.

POLICE : SCOTLAND YARD DANS LA TOURMENTE

Neil Wallis, de News of the World à Scotland Yard. Ancien rédacteur en chef adjoint du News of the World, Neil Wallis avait été embauché par Scotland Yard comme consultant. Neil Wallis est resté 11 mois conseiller à Scotland Yard, à partir de 2009, au moment précis où la police jugeait inutile de rouvrir le dossier des écoutes téléphoniques, clos en 2007 après une enquête bâclée et deux condamnations. L'ex-rédacteur en chef adjoint du NotW est soupçonné "d'avoir conspiré en vue d'intercepter des communications". Il a été arrêté jeudi. Son embauche par Scotland Yard a déclenché la démission de Paul Stephenson.

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Paul Stephenson démissionne. Le chef de Scotland Yard a démissionné dimanche de ses fonctions de chef de la police de Londres en raison des soupçons selon lesquels des policiers se seraient laissés corrompre par News of the World et n'auraient pas suffisamment enquêté sur les accusations d'écoutes illégales portées dès 2005 contre le tabloïd. L'élément déclencheur de sa démission a été la révélation qu'il avait séjourné dans un établissement thermal de luxe dont l'un des conseillers en communication était Neil Wallis, ancien rédacteur en chef adjoint de News of the World.

Dans sa déclaration retransmise à la télévision, il a dit ne pas avoir informé David Cameron des relations de la police avec Neil Wallis afin de ne pas compromettre le Premier ministre en raison de sa relation avec Andy Coulson, ancien rédacteur en chef de News of the World.

John Yates quitte ses fonctions. Dans la foulée de la démission de Paul Stephenson, un deuxième haut responsable de Scotland Yard, John Yates, a démissionné lundi. Sa position était devenue "intenable", selon un membre de la commission de Scotland Yard en charge des questions disciplinaires. Le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband avait jugé qu'un "énorme nuage noir" pesait sur John Yates et qu'"il devrait prendre ses responsabilités sur ce qu'il a fait".

POLITIQUE : CAMERON SOUS HAUTE TENSION

Andy Coulson, de NotW à Downing Street. Andy Coulson est devenu aujourd'hui le talon d'Achille du Premier ministre. Cible de critiques sur son rôle à NotW à l'époque des faits, Andy Coulson a démissionné en janvier de son poste de directeur de la communication de David Cameron, devenu Premier ministre. L'ancien rédacteur en chef de News of the World, qui avait démissionné de son poste de rédacteur en chef de NotW en 2007 affirme n'avoir rien su de ces pratiques illégales.

David Cameron en conférence de presse au 10, Downing street à Londres le 8 juillet 2011 - REUTERS

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David Cameron dans la tourmente. Le Premier ministre est devenu la cible de l'opposition travailliste qui lui reproche une trop grande proximité avec d'anciens responsables de News of the World. "Il est frappant que Sir Paul Stephenson assume ses responsabilités et réponde aux questions (...) (tandis que) le Premier ministre persiste à refuser de reconnaître son erreur de jugement et de répondre aux questions", a dit Yvette Cooper, porte-parole du Labour sur les affaires intérieures.

Déjà accusé d'une trop grande proximité avec Rupert Murdoch, le Premier ministre est d'autant plus fragilisé qu'il est un ami de Rebekah Brooks. Le Premier ministre britannique David Cameron a estimé lundi à Johannesburg qu'il "pourrait être bien" de prolonger la session parlementaire d'une journée mercredi afin qu'il puisse s'exprimer sur la crise des écoutes téléphoniques à son retour d'Afrique.