Battisti dit avoir été aidé pour fuir la France

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Depuis sa prison de Rio au Brésil, l’ancien militant d’extrême gauche Cesare Battisti déclare à Paris Match, paru jeudi, avoir été aidé par "un homme de l'ombre" proche du gouvernement de François Mitterrand pour fuir la France en 2004.

Cesare Battisti, ancien activiste italien d’extrême gauche, donne des précisions sur sa mystérieuse fuite de la France en 2004 dans une interview à Paris Match jeudi. "A Paris, un homme proche du gouvernement Mitterrand m'a contacté et m'a remis un passeport. Je l'appelle 'l'homme de l'ombre'", dit-il à l'hebdomadaire, tandis qu'il est incarcéré depuis mars 2007 à Rio, au Brésil.

"Ce sont ces autorités qui ne changent jamais, les gouvernements changent, droite ou gauche, mais il y a certaines autorités qui restent toujours en place"", ajoute-t-il. Il précise que le passeport "avait quelque chose" qui permettait de ne pas le laisser "partir dans la nature comme ça". Malgré son contrôle judiciaire, l'ancien militant d'extrême gauche avait quitté à l’été 2004 la France, qui s'apprêtait à l'extrader vers l'Italie où il doit purger une condamnation à perpétuité pour des meurtres commis dans les années 1970.

Condamné à perpétuité en Italie pour quatre homicides, l’ancien membre du groupe d'extrême gauche des "Prolétaires armés pour le communisme" s’était évadé de prison en 1981 pour s’installer en France. Les anciens activistes d'extrême gauche italiens y bénéficiaient de l’asile dans les années 1980. Le président François Mitterrand avait toutefois explicitement exclu de cette offre de protection les auteurs de crimes de sang.

Après la fuite de Cesare Battisti vers le Brésil en 2004, la France n'a jamais mené aucune enquête. L’Italien profite notamment du soutien d’une partie du Parti socialiste, de l'extrême gauche et des milieux littéraires.

L'extradition de Cesare Battisti est l'objet d'une bataille à la fois juridique et politique entre l'Italie, le Brésil et la France depuis son arrestation en 2007. Le président brésilien Lula s'est opposé en janvier à l'extradition de l'activiste, qui attend une décision de la Cour suprême de Brasilia sur la demande de l'Italie. Carla Bruni-Sarkozy, l’épouse du chef de l’Etat, est pour sa part accusée par les familles des victimes italiennes d'avoir intercédé en faveur de son compatriote, ce qu'elle nie.