Bangladesh : ils avaient donné l'alerte

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TEMOIGNAGE - Un représentant des ouvriers raconte les menaces de la direction avant le drame.

Ils avaient vu les fissures dans les colonnes et dans les murs. Mais rien n’a été fait pour éviter le drame qui a coûté la vie à 300 ouvriers du secteur textile. Il s'agit du dernier bilan de l’effondrement, mercredi au Bangladesh, d’un bâtiment qui abritait des ateliers de fabrication de vêtements. Autant de travailleurs seraient encore enfouis sous les décombres de cet immeuble de huit étages.

"Vous ne risquez rien"

Dès mardi soir, les ouvriers de ces ateliers de confection de vêtements pour de grandes marques occidentales, s’étaient donc inquiétés de l’état de délabrement du bâtiment. "Les travailleurs ont dit qu’ils ne voulaient plus pénétrer dans l’usine car il y avait des fissures dans les murs et dans les colonnes", confie Badul Akhter, le président de la Fédération des travailleurs textiles Bangladesh, joint par Europe1.fr.

"Mais leur manager leur a assuré qu’ils ne risquaient rien et leur a demandé de revenir travailler le lendemain  matin. Dans la soirée, des ingénieurs sont venus faire une inspection et ont recommandé la fermeture immédiate de l’usine. Mais la direction ne les a pas écoutés", poursuit Badul Akhter.

Mercredi matin, les ouvriers se sont donc rendus au travail. Face à la résistance d’un bon nombre d’entre eux, "la direction les a menacés de ne pas les payer s’ils refusaient de se mettre au travail", raconte le président de la Fédération des travailleurs. "Quelques minutes après, à 9 heures, l’immeuble s’écroulait".

"Aucun soutien des grandes marques"

Depuis, les secours se relaient pour tenter de retrouver des survivants. Encore cinquante personnes ont été découvertes, vendredi, saines et sauves, coincées dans une salle cachée par des blocs de béton. "Ils font tous leur possible pour sauver un maximum d’ouvriers. La mobilisation est générale", observe Badul Akhter. "En revanche, nous n’avons eu aucun soutien - pour le moment - des grandes marques qui se fournissent dans ces ateliers", regrette-t-il.

Les conditions de travail des quelque 3.000 personnes, pour la plupart des femmes, travaillant dans ces ateliers, et le non-respect des normes de sécurité ont aussi provoqué des manifestations et un appel à la grève pour dimanche de la part des syndicats de ce secteur industriel dans tout le pays.